Ces 7 idées de diversification agricole ont pour but d’affiner la réflexion d’un agriculteur sur les opportunités de développement de sa ferme.
Diversifier son activité n’est pas seulement une manière de générer plus de revenus. C’est aussi une opportunité pour installer un nouveau collaborateur sur la ferme. Ce collaborateur peut être un conjoint mais également une personne à mi-temps ou temps plein qui pourra jongler sur l’activité première et l’activité secondaire de la ferme.
Avant de se lancer dans une nouvelle activité agricole, il est important de connaître la finalité et d’établir un business plan pour vérifier la viabilité du projet.
Diversification agricole n°1 : les produits transformés
La transformation de produits agricoles offre un potentiel de diversification intéressant, quel que soit son type d’agriculture.
Il n’est pas nécessaire d’avoir un laboratoire sur la ferme pour proposer des produits transformés à sa clientèle. Il suffit de collaborer avec des prestataires qui réalisent des services de transformation à façon. L’investissement de départ est beaucoup moins lourd. C’est une manière de tester la demande d’un produit intelligemment, en limitant les risques financiers.
Le choix des produits à proposer dépend non seulement de la production principale mais aussi du marché local et des opportunités de vente.
Voici des exemples de produits à développer :
Les éleveurs laitiers peuvent se lancer dans la production de yaourts, crèmes dessert, fromages ou glaces fermières. Les éleveurs de viande ont l’opportunité de proposer des saucissons, pâtés, de la viande séchée, des colis de viande, etc.
Pour les maraîchers, la transformation permet de valoriser les surplus de production en soupes, coulis, ou conserves de légumes. Certains agriculteurs, comme des céréaliers, optent pour des produits plus originaux comme la bière artisanale. Les cosmétiques naturels ont également le vent en poupe avec des produits à base de lait d’ânesse, de lait de vache, de miel.
La rentabilité de cette diversification repose sur une bonne maîtrise des coûts de production et sur la capacité à commercialiser des produits à forte valeur ajoutée.
Certains produits sont plus rémunérateurs que d’autres.
Une communication professionnelle est un élément clef dans la réussite de son projet. Pour valoriser son produit et établir des marges intéressantes, il est conseillé de communiquer avec des visuels attractifs.
Une étude de marché est la première étape indispensable avant de se diversifier. Statuer sur ses canaux de distribution, calculer la rentabilité du projet, établir une stratégie de communication, anticiper le temps alloué à ce projet sont autant d’éléments à prendre en compte avant de se lancer.
La diversification agricole par le biais des produits transformés est un projet qui se réalise souvent à deux personnes. La raison principale est le temps nécessaire pour mener à bien ce type de projet. C’est loin d’être une activité à revenu passif …
Diversification agricole n°2 : l’apiculture
L’apiculture est une diversification particulièrement intéressante pour un agriculteur.
Il y a encore peu d’agriculteurs à sauter le pas, alors que cette double activité a fait ses preuves aussi bien chez des céréaliers, maraîchers et éleveurs laitiers.
Au-delà de la production de miel, l’installation de ruches sur l’exploitation contribue directement à la pollinisation des cultures et à de meilleurs rendements.
Selon sa zone géographique, le pic d’une saison apicole se situe entre mars et août. Avec des ruches positionnées sur son exploitation agricole, les déplacements sont limités ce qui permet d’optimiser son temps de travail.
Les revenus d’un apiculteur peuvent être variés.
De nos jours, la vente de miel ne suffit plus pour vivre à temps plein d’une activité apicole. Il faut se diversifier avec la vente d’essaim, des prestations de pollinisation, la vente de pollen, de propolis, de produits transformés (comme le pain d’épices), etc.
Proposer des cosmétiques naturels à base de miel, cire d’abeille ou gelée royale est une belle plus value. Les produits cosmétiques peuvent dégager une marge intéressante.
Exemple de produits apicoles d’un agriculteur céréalier.
Pour démarrer, un investissement modéré de 5 000 à 10 000 euros suffit pour s’équiper avec une dizaine de ruches et le matériel nécessaire.
Il est recommandé de suivre une formation initiale en présentiel. Regarder des tutoriels Youtube ne suffira pas ! L’apiculture est une activité qui peut être complexe et qui requiert de l’expérience. Pour suivre une formation, il est conseillé de passer par un rucher école ou un centre de formation spécialisé comme la Fabrique qui Pique.
Dans le monde apicole, un apiculteur dit semi-pro a une double activité. Il est apiculteur à mi-temps. En moyenne, il faut compter entre 60 et 100 ruches pour se dégager un salaire à mi-temps. La fourchette est large car le salaire dépend des choix de production et des canaux de vente de l’apiculteur. Les produits transformés à base de miel ou l’élevage de reines sont des débouchés plus rémunérateurs que la vente de miel.
L’apiculture est une activité évolutive. Il est possible de commencer avec quelques ruches et développer progressivement son cheptel en fonction de ses objectifs.
Diversification agricole n°3 : Location espace de stockage
Louer un hangar ou un bâtiment vide n’est peut-être pas la diversification agricole la plus passionnante mais elle peut apporter un petit complément de revenu.
Ce revenu complémentaire est fonction de la place de stockage mis à disposition et du type de bâtiment. Lorsqu’un bâtiment est fermé, avec un accès sécurisé 24h/24, le montant du loyer est forcément plus élevé.
Depuis quelques années, il y a eu une émergence des espaces de stockage en périphérie de villes. La demande croissante des particuliers et des entreprises pour entreposer des machines, du matériel, des voitures est présente.
Pour attirer des clients, il est conseillé d’effectuer quelques aménagements dans ses bâtiments : sécurisation des accès, installation d’éclairage adapté, mise en place de caméras de surveillance, accès propre et facile. Ces aménagements sont indispensables pour attirer des clients et maximiser sa rentabilité.
Cette activité de diversification nécessite de souscrire à une assurance pour couvrir les risques liés au stockage des biens. Un contrat de location doit être mis en place, pour préciser les conditions d’utilisation des espaces et les responsabilités de chacun.
Afin de se faire connaître, plusieurs options s’offrent à vous : passer par une plateforme spécialisée comme Mon Hangar, par un site généraliste comme Leboncoin, ou créer son site internet qui sera référencé localement sur Google.
Si vous avez un bâtiment adapté, l’avantage majeur de ce type d’activité est la simplicité de mise en œuvre et la régularité des revenus. Néanmoins, il faut rester vigilant sur le choix des locataires et le type de biens stockés pour éviter tout risque juridique.
Diversification agricole n°4 : l’agritourisme
Diversifier son activité agricole avec de l’agritourisme est une option intéressante.
En revanche, il y a plusieurs critères à prendre en compte. C’est une activité qui demande du temps et qui peut nécessiter un certain investissement de départ. Cette prestation de services n’est pas faîte pour tout le monde. Par contre, pour les personnes qui aiment accueillir et partager leur quotidien, il y a de belles opportunités à exploiter.
Depuis les deux années de Covid, la population est en demande constante d’expériences authentiques, qui se reconnectent à la nature et à la production locale et artisanale. Les acteurs du monde agricole ont la possibilité de proposer des logements et des moments uniques.
Sur une ferme, il n’est pas rare d’avoir beaucoup d’espace et de logements. Parcourons ensemble les types de logements qu’il est possible de proposer.
La chambre d’hôte classique reste une valeur sûre. Elle permet d’accueillir une clientèle tout au long de l’année. Les hébergements insolites comme les cabanes dans les arbres, les tiny houses ou les yourtes sont en vogue. Ils séduisent une clientèle en quête d’originalité et permettent de mettre des tarifs plus élevés.
Vous pouvez coupler ces logements avec des visites pédagogiques de la ferme. Il est possible de proposer ce type de visite aux touristes locaux. Collaborer avec l’office de tourisme ou des acteurs locaux est une bonne stratégie. Les visites peuvent être gratuites ou payantes. Souvent elles sont gratuites lorsque l’agriculteur a une boutique à la ferme. C’est une manière d’y vendre ses produits.
Selon son type d’activité, la plateforme Airbnb Experience peut ouvrir de nouvelles perspectives d’activités comme l’initiation à la traite des vaches, ateliers de fabrication de fromage, initiation à l’apiculture, etc.
Qu’il s’agisse de logement insolite, d’une activité pédagogique ou d’un hébergement à la ferme, il va être important de se faire connaître. Airbnb apporte une belle visibilité. Par contre, la commission qui est laissée au site est importante. Il existe beaucoup de sites qui répertorient des activités ou des logements à la ferme. Pour limiter les commissions, la meilleure façon est de prendre les réservations directement sur son site internet. .
L’agritourisme demande une organisation rigoureuse et un véritable sens de l’accueil.
L’investissement initial peut être conséquent, notamment pour la création ou la rénovation d’hébergements. Les contraintes réglementaires sont nombreuses : normes de sécurité, accessibilité, hygiène, notamment pour l’accueil de groupes. La charge de travail supplémentaire ne doit pas être sous-estimée : ménage, accueil, gestion des réservations, sans oublier la présence nécessaire pour les activités pédagogiques.
Les atouts majeurs de l’agritourisme sont dans la valorisation de l’activité principale et la création de liens avec les consommateurs. Cette activité permet également de faire découvrir ses produits et de développer la vente directe.
La diversité des formules possibles en agritourisme permet à chaque agriculteur de trouver la solution la plus adaptée à sa situation financière, personnelle et à ses objectifs.
Diversification agricole n°5 : Distributeur de produits locaux
S’agit-il d’un projet individuel ou d’un projet collectif ?
C’est plutôt un projet à vocation collective.
En portant ce projet à plusieurs agriculteurs, les coûts d’investissements sont limités et l’offre proposée au client est beaucoup plus variée. Les chances de réussite du projet sont également plus grandes.
Installer un distributeur de produits locaux dans un emplacement stratégique est donc une approche moderne et efficace pour commercialiser ses produits de la ferme.
Ce type de projet a déjà vu le jour dans plusieurs villes françaises, comme à Arradon dans le Morbihan avec Le Local.
© Florian Tiercin
Le concept consiste à installer un ou plusieurs distributeurs réfrigérés dans un lieu stratégique, accessible 24h/24, 7 jours sur 7, où le client peut y retrouver de la viande, des légumes, du miel, des œufs, des produits laitiers, des produits alimentaires artisanaux comme de la sauce tomate ou de la moutarde.
Quand il s’agit d’un projet collectif, il est plus facile de mettre en place des rotations de réapprovisionnement des distributeurs. L’idée n’est pas d’aller réapprovisionner le distributeur tous les jours. L’objectif est d’optimiser son temps et de limiter le temps passé à la vente.
Les distributeurs modernes sont dotés de système de paiement automatique et sécurisé. Ils tracent également les ventes, ce qui permet de faciliter la gestion et la facturation des produits vendus par chaque exploitation agricole. Les statistiques de vente permettent également d’ajuster l’offre en fonction des habitudes des consommateurs. Il reste un point non négligeable. Les marges sont préservées puisqu’il n’y a pas d’intermédiaire.
Comme pour de nombreux magasins physiques, l’emplacement est clef pour la réussite de ce projet. Il est nécessaire d’étudier les flux de voiture sur des zones périurbaines, des axes routiers fréquentés ou dans des bourgs dynamiques. L’entretien régulier du distributeur et la maintenance technique sont aussi à prendre en considération, tout comme la gestion des invendus.
Pour conclure, mettre en place un distributeur de produits nécessite de travailler avec des collaborateurs de confiance et d’assigner des rôles spécifiques à chacun. La communication sera un élément essentiel pour se faire connaître. Le distributeur est aussi une manière de gagner en visibilité et d’attirer de nouveaux clients, soit à la ferme, soit sur sa boutique en ligne, ou au marché.
Diversification agricole n°6 : Culture et production de niche
La diversification des cultures peut se révéler un atout majeur pour les éleveurs bovins ou les céréaliers.
Le blé tendre et dur, l’orge et le maïs occupent 60% des terres arables françaises. Des cultures de niche comme le lin, le chanvre, le quinoa, ou le sarrasin peuvent apporter une meilleure rémunération que des cultures plus classiques.
Avec des cultures ciblées, les rendements et les rotations des cultures n’en seront qu’améliorés. Les freins pour diversifier ses cultures résident dans le manque de formation et de ressources sur les semences, la récolte, le stockage, les débouchés.
Une étude de marché est indispensable pour identifier les débouchés et sécuriser les contrats de commercialisation avant de se lancer. La maîtrise technique est aussi un enjeu majeur : ces cultures demandent souvent des connaissances spécifiques et un matériel adapté. D’où la nécessité de se faire accompagner.
Cette phase de diversification peut prendre du temps mais elle peut apporter beaucoup de positifs sur l’exploitation, que ce soit en termes de rendement, de biodiversité et de revenu.
Passons à un tout autre secteur.
Les agriculteurs apprécient de se diversifier sur la production d’énergie.
D’après l’INSEE, en 2020, environ 3%, soit 13 000 exploitations agricoles françaises, se sont diversifiées dans la production et la vente de production solaire.
Dans la production solaire, il y a le photovoltaïque et l’agrivoltaïsme. Ce sont deux approches différentes.
Pour ce type de projet, il est important de travailler avec les bons acteurs. Des acteurs de confiance, professionnels, et qui travaillent dans l’intérêt de l’éleveur.
Diversification agricole n°7 : Réseaux sociaux
Cette idée de diversification de revenu agricole n’est pas faîte pour tout le monde.
Générer des revenus sur Youtube, Instagram ou Tiktok demandent non seulement des compétences uniques mais surtout beaucoup de temps de travail et un investissement sur le long terme.
Sur Youtube, il existe plusieurs créateurs de contenu agricole, avec des approches différentes. La plupart d’entre eux sont sur du divertissement en montrant le quotidien de leur ferme. D’autres chaînes préfèrent partager du contenu technique qui apporte beaucoup plus de valeur à l’audience.
Sur Youtube, les vidéos sont rémunérées soit au nombre de vues ou alors par l’intermédiaire de partenariat.
Il faut générer des milliers de vues sur chaque vidéo pour en tirer quelques dizaines d’euros. Sur un article paru dans Web Agri, l’agriculteur Etienne partage ses revenus Youtube. En publiant quatre vidéos longues par mois, avec une moyenne de 70 000 vues par vidéo, il peut prétendre à une rémunération qui « peut monter jusqu’à 1 200 €. Mais c’est très variable. »
Dans la création de contenu pour Youtube, trois étapes sont essentielles : trouver le thème et écrire les grandes lignes de sa vidéo, filmer, et effectuer le montage. Une stratégie de contenu bien pensée et une ligne éditoriale cohérente sont essentielles.
Ces trois étapes prennent du temps. Il faut pouvoir tenir dans la durée pour créer du contenu Youtube. Si tout le monde pouvait générer des revenus sur Youtube, il y aurait bien plus d’agriculteurs présents sur la plateforme.
La réussite sur YouTube demande des qualités spécifiques : une aisance face à la caméra, une bonne élocution et surtout une personnalité authentique. Le matériel nécessaire reste accessible : un smartphone récent, un micro-cravate, un trépied et éventuellement un drone suffisent pour débuter. La régularité est cruciale : il faut prévoir la mise en ligne de deux à quatre vidéos par mois pour fidéliser sa communauté.
Si vous aimez créer du contenu, si vous êtes créatif et que vous avez des choses intéressantes et utiles à raconter, lancez vous ! Il faudra sûrement quelques années avant de pouvoir en tirer un revenu complémentaire. Sauf si vous êtes talentueux.
Les plateformes comme Instagram ou Tiktok peuvent aussi être génératrices de collaboration ou de rémunération. Actuellement, il est plus facile de percer avec du contenu court que du contenu long Youtube. Sur Instagram, la rémunération provient de partenariats payants avec des entreprises. Vous pouvez être amené à présenter un produit ou un service. Sur Tiktok, vous pouvez être rémunéré au nombre de vues (rémunération très faible), via des partenariats payants ou de l’affiliation.
Instagram et Tiktok sont aussi des plateformes qui permettent de construire une communauté et de vendre ses propres produits et services. C’est un avantage certain lorsque vous vendez des produits de la ferme, faîtes de l’agritourisme, etc … Cette présence en ligne peut aussi avoir des retombées indirectes positives : notoriété pour la ferme, développement de la vente directe, ou encore opportunités de formations et de conférences.
La finalité de ces plateformes est de capter l’attention des gens. Essayez de le faire en apportant de la valeur à votre audience …
Conclusion
La diversification agricole est une stratégie mise en place par plus de 35% des exploitations agricoles (source Insee). Chaque option présentée ci-dessus a ses avantages et ses contraintes.
Le choix d’une diversification doit avant tout correspondre aux objectifs de l’exploitation : générer un revenu complémentaire, créer un emploi, valoriser un bâtiment sous-utilisé ou encore donner un nouveau sens à son métier. Les ressources disponibles, qu’elles soient humaines, matérielles ou foncières, orientent naturellement les possibilités. Le temps disponible et les compétences de chacun sont également des facteurs déterminants.
L’aspect financier ne doit pas être négligé. Certaines diversifications comme la présence sur les réseaux sociaux demandent peu d’investissement initial mais beaucoup de temps, tandis que d’autres comme l’installation d’un distributeur automatique ou la création d’hébergements touristiques nécessitent des moyens financiers plus conséquents. La rentabilité peut être immédiate ou demander plusieurs années selon les projets.
Il n’existe pas de solution miracle qui conviendra à toutes les exploitations. La clé réside dans l’analyse approfondie de sa situation, de ses aspirations et du contexte local. Une diversification réussie est avant tout celle qui s’intègre harmonieusement dans le fonctionnement global de l’exploitation. …
Si vous avez besoin d’aide ou si vous avez des questions, contactez-nous.
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