Certains l’appelleront conservateur, d’autres diront inoculant, et certains parleront de valorisateur.
Peu importe le vocabulaire utilisé, le but est le même : limiter les pertes d’un bon ensilage.
Table des matières
Définition et objectifs d’un conservateur d’ensilage
Un conservateur d’ensilage est un additif biologique et/ou chimique, qui a pour but de réduire les pertes au silo et de préserver les caractéristiques alimentaires du fourrage.
Les objectifs d’un conservateur d’ensilage sont de :
- limiter les pertes de matière sèche d’environ 5% (C’est d’autant plus risqué lorsque le silo est ouvert du début de l’hiver jusqu’au printemps. Ou pire encore, lorsque le silo est de nouveau ouvert pour l’été !)
- améliorer l’appétence du fourrage
- garantir des valeurs nutritionnelles du fourrage
Les composants d’un conservateur d’ensilage
Un conservateur d’ensilage est composé d’additifs d’origine biologique ou chimique.
Additifs d’origine biologique
Les additifs d’origine biologique sont des bactéries lactiques et parfois des enzymes.
1. Les bactéries lactiques
Ces bactéries lactiques sont des bactéries à Gram positif, anaérobies partiellement tolérantes à l’oxygène, capables de fermenter les sucres en acide lactique.
Les bactéries lactiques sont classées en 2 catégories, selon leur métabolisme des glucides :
- homofermentaires : les bactéries transforment le glucose en acide lactique uniquement.
- hétérofermentaires : les bactéries transforment le glucose en acide lactique, mais aussi en acétate (ou éthanol) et gaz carbonique.
Parmi les bactéries homofermentaires, les principales souches utilisées sont : Lactobacillus plantarum, Lactobacillus latis. Ces bactéries ont un pouvoir acidifiant. Elles baissent rapidement le pH de l’ensilage.
Parmi les bactéries hétérofermentaires, les principales souches utilisées sont : Lactobacillus buchneri, Lactobacillus brevis. Ces bactéries ont un pouvoir anti-échauffement. Elles stabilisent rapidement l’oxygène du silo. En parallèle, elles gardent le pH bas, inhibent les levures, les champignons et les butyriques. Elles continuent d’agir même le silo ouvert car ces bactéries ne sont pas anaérobies-strictes. L’idéal est de vérifier leur présence dans les conservateurs appliqués dans les silos d’été.
A noter l’intérêt particulier de la bactérie Lactobacillus buchneri : elle permet la production de propylène-glycol (aussi désigné comme propane-1,2-diol). Souvent intégré en plus dans les rations ou au robot, le propylène glycol joue un rôle majeur dans la prévention des cétoses.
2. Les enzymes
Certains conservateurs sont composés d’enzymes, sous forme de cellulase, hémicellulase ou amylase. Leur intérêt réside dans la dégradation de sucres complexes en sucres simples. Les sucres sont alors rendus plus facilement disponibles pour les bactéries lactiques.
Les études scientifiques récentes ne montrent pas d’effet positif des conservateurs avec enzymes ni sur la conservation des ensilages ni sur la production laitière. Il n’est donc pas nécessaire d’acheter un conservateur composé d’enzymes.
Additifs d’origine chimique
Les additifs d’origine chimique sont des acides organiques, soit :
- Acide formique : va baisser le pH de l’ensilage
- Acide propionique : pouvoir acidifiant, anti-échauffement et anti-fongique
Pourquoi utiliser un conservateur d’ensilage ?
Un conservateur d’ensilage va permettre une conservation et une valorisation optimales des ensilages.
Les avantages sont nombreux :
- baisser rapidement le pH jusqu’à un stade optimum
- réduire les pertes de MS
- préserver la valeur alimentaire de l’ensilage
- diminuer les risques d’échauffement
- éviter la présence de moisissures, de butyriques et de coliformes
Quand appliquer son conservateur d’ensilage ?
Le conservateur s’applique au moment du chantier d’ensilage.
Le jour du chantier d’ensilage, vous préparez la dilution à incorporer dans la pompe-doseuse de l’ensileuse.
Le conservateur sera alors pulvérisé sur l’ensemble du volume récolté.
Les conditions de réussite
Il est pertinent d’utiliser un conservateur que si les conditions de réalisation d’un bon chantier d’ensilage et d’un silo correctement conçu sont remplies.
Les recommandations à appliquer pour un silo d’ensilage réussi :
- un taux de matière sèche de l’ensilage compris entre 32 et 36% MS
- un silo bien conservé, bien tassé
- un silo couvert vite et bien (pas de pneus, pas de chantier réalisé à plus de 30°C, pas de bâchage le lendemain de la mise en silo …)
- une bonne valeur en matière azotée
Un conservateur ne sauvera pas un ensilage de mauvaise qualité !
Un conservateur ne permettra pas d’accélérer la dégradation du maïs. Un tas d’ensilage de maïs doit être ouvert 8 semaines après confection pour valoriser l’amidon. Dans le cas d’une ouverture précoce d’un tas d’ensilage, l’application d’un conservateur permet de stabiliser le tas et réduire les pertes. Mais en aucun cas, de garantir un amidon disponible !
Quel prix ?
A raison de 1 à 2 grammes par tonne de matière verte récoltée, il est nécessaire d’anticiper le tonnage récolté avant de commander son conservateur. Au cours du chantier, la quantité de conservateur utilisée s’ajustera à l’arrivée de la première remorque d’ensilage.
Pour estimer la quantité de conservateur nécessaire :
Nombre d’hectares à ensiler x quantité de matière verte (MV) récoltée = tMV en silo
Exemple : vous ensilez 12 ha, à un rendement de 3 tMV/ha. Ce qui correspond à un rendement de 12 tMS/ha d’un ensilage à 33% de MS.
Le tonnage de matière verte récoltée sera de : 12 ha x 3 tMV/ha = 36 tMV.
A raison de 1 gramme de conservateur par tMV récoltée, il faudra commander un sachet de 36 grammes minimum.
Les prix varient de 1,60 € à 2,50 € par tonne de matière verte. La moyenne avoisine les 1,85€ la tonne de matière verte sur le marché français. Méfiez-vous des prix défiants toute concurrence, en vérifiant les points suivants.
Comment choisir son conservateur d’ensilage ?
Choisir un conservateur par rapport au type de fourrage récolté et aux objectifs recherchés : acidifiant, anti-échauffement, …
Plusieurs vérifications à faire avant de commander son conservateur :
– La présence de bactéries homofermentaires ET hétérofermentaires
– Des souches de bactéries reconnues pour leur efficacité : des bactéries homofermentaires de type plantarum pour les ensilages d’herbe, des bactéries hétérofermentaires de type buchneri pour les ensilages de maïs
– une utilisation en format liquide ou poudre à diluer. Eviter la forme « semoulette » sous forme de poudre à répandre sur le tas. Malgré une facilité d’utilisation, il y a une mauvaise répartition du produit, un manque d’efficacité des bactéries répandues sur le silo.
– la possibilité d’utiliser le conservateur malgré de l’eau légèrement chlorée. Certains conservateurs ne sont pas « protégés » du chlore. Dans ce cas, si la dilution est faite avec de l’eau même légèrement chlorée, l’efficacité du produit sera inhibée.
Les marques et entreprises présentes sur le marché
Les coopératives et groupes privés du secteur agricole vendent des conservateurs.
Tous ne sont pas fabricants ni propriétaires des souches qu’ils commercialisent.
Entreprise | Marque et Produits |
LALLEMAND | Magniva |
PIONEER | Sila Bac, 11Green, 11Corn, 11B91 |
CHR HANSEN | Silosolve |
SCHAUMANN | Bonsilage |
Vous êtes fabricant et vous ne figurez dans ce tableau ? Contactez-nous pour être ajouté à la liste.
Les distributeurs sont nombreux sur le territoire. Ils achètent les conservateurs aux fabricants et les revendent en changeant ou non la marque et son visuel.
Faites vous accompagner par un conseiller indépendant
Un conseiller indépendant peut vous aider dans le choix de votre conservateur d’ensilage.
Ecrivez-nous à bonjour@conseilenagriculture.fr
Choisir un indépendant, c’est collaborer avec un technicien qui ne sera pas influencé par des bénéfices de vente !