Une analyse de fourrage permet d’évaluer la qualité nutritionnelle des aliments pour les animaux.
Ces informations sont essentielles pour adapter les rations et optimiser l’alimentation des bovins, caprins et ovins.
Voici un guide pour comprendre les résultats d’une analyse de fourrage en ensilage de maïs.
Pourquoi faire une analyse de fourrage ?
Une analyse de fourrage permet de connaître la valeur nutritive du fourrage.
Elle aide à ajuster l’alimentation des animaux selon leurs besoins. Elle permet aussi de détecter les éventuels problèmes de fermentation et de conservation du fourrage.
On aura tendance à réserver les meilleurs fourrages pour les stades physiologiques plus exigeants (lactation, préparation au vêlage, croissance). Les fourrages les moins riches sont à réserver aux animaux à plus faibles besoins (tarissement, besoins d’entretien).
Quand prendre un échantillon ?
Pour un ensilage de maïs, il est recommandé de prélever un échantillon après environ deux mois de fermentation. Cela permet d’obtenir une analyse stable et représentative.
Pour les ensilages d’herbe ou de céréales immatures, un minimum de 21 jours de conservation est nécessaire avant de réaliser une analyse. Pour les fourrages secs (> 85% MS), on peut échantillonner directement après la récolte.
Si l’échantillon est prélevé trop tôt, la fermentation peut ne pas être complète. Il est conseillé de faire des analyses régulières, si le fourrage conservé (ensilage, enrubannage) est stocké depuis plusieurs mois ou si des problèmes de conservation sont suspectés.
Comment bien échantillonner un fourrage ?
L’échantillonnage d’un fourrage est crucial pour obtenir des résultats fiables.
Il faut prendre un échantillon représentatif en prélevant plusieurs échantillons répartis de manière homogène dans le silo ou dans la botte, et non seulement à un seul endroit.
L’outil le plus adapté est une carotteuse à fourrage, qui permet de prélever rapidement en profondeur dans les silos et bottes.
Si l’analyse est réalisée sur un fourrage vert, il est conseillé de prélever 3 à 5 poignées de maïs tous les 2-3 bennes de fourrage. Ces échantillons doivent être conservés à l’abri de l’humidité, du soleil et du vent, puis envoyés au laboratoire dans un sac hermétique zippé, après une nuit de stabilisation au congélateur.
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Laboratoire d’analyse de fourrage
Il existe différents laboratoires pour réaliser des analyses de fourrage.
Pour garantir la qualité des résultats, il est important de choisir un laboratoire réputé et reconnu. Certains laboratoires utilisent des méthodes standardisées pour assurer la fiabilité des analyses.
L’équipe de Conseil en Agriculture conseille d’envoyer les analyses de fourrage à Germ Services.
Les méthodes d’analyses : infrarouge (NIR) ou chimique
Les analyses de fourrage peuvent être réalisées par deux méthodes principales : l’analyse chimique et l’analyse par infrarouge (NIR).
- Analyse chimique : Plus coûteuse et plus longue, cette méthode consiste à réaliser des réactions chimiques pour mesurer les composants du fourrage. Elle est précise et utilisée pour établir des valeurs de référence.
- Analyse NIR : Moins chère et plus rapide, cette méthode utilise la réflexion de la lumière pour estimer la valeur nutritive. Elle est calibrée à partir de résultats d’analyses chimiques.
Les échantillons sont d’abord séchés pour mesurer leur matière sèche. Ensuite, ils sont broyés et divisés. La plupart des analyses sont réalisées de manière classique :
- Par incinération pour calculer la quantité de minéraux.
- Par différents types d’hydrolyses qui servent à mesurer la cellulose brute et la matière azotée.
En complément, on peut analyser le phosphore et le calcium. Des dosages enzymatiques mesurent la digestibilité du fourrage et les niveaux en PDI. Le fourrage broyé est ensuite soumis à des enzymes (pepsine, cellulase, amylase glucosidase). Bien que les analyses chimiques soient la méthode de référence, de nombreux laboratoires utilisent l’infrarouge si les échantillons sont bien préparés pour une bonne calibration.
L’INRAE a mis au point les équations de prédiction de la valeur alimentaire des fourrages à partir d’analyses en laboratoire. L’INRAE met à disposition les valeurs nutritionnelles de toutes les matières premières (fourrages et concentrés) à destination des ruminants.
La valeur nutritive est calculée à partir des résultats des analyses chimiques, enzymatiques et/ou infrarouge. Elle est exprimée en UFL et UFV pour l’énergie, en PDIN et PDIE pour l’azote, et en pourcentage pour la digestibilité de la matière organique (dMO). Le calcul des PDIN et PDIE est principalement lié à la MAT, la dMO et à la matière organique fermentescible.
Les rapports d’analyse : interpréter les valeurs alimentaires
Les rapports d’analyse de fourrage présentent plusieurs résultats, tous exprimés en pourcentage de matière sèche (MS).
Les analyses chimiques et NIR fournissent des données similaires mais les résultats peuvent être obtenus plus rapidement avec NIR.
Les modèles de rapports varient d’un laboratoire à l’autre, mais les éléments analysés sont sensiblement les mêmes.
Quel est le prix d’une analyse de fourrage ?
Le prix d’une analyse de fourrage varie selon la méthode demandée.
Une analyse infrarouge coûte entre 30€ et 60€ HT selon les laboratoires.
Une analyse en chimique est comprise entre 60€ et 90€ HT.
Généralement, ces tarifs ne comprennent pas les frais d’envoi et de traitement de dossier.
Il est nécessaire de bien cocher les paramètres à analyser, et notamment les minéraux, la BACA, les oligo-éléments, le pH, etc …
Comment interpréter les résultats d’analyse ?
Voici les principaux composants mesurés dans l’analyse de fourrage :
La matière sèche
La matière sèche (MS) est essentielle pour évaluer la qualité du fourrage et son aptitude à la conservation. Elle donne aussi une indication quant à l’estimation de l’ingestion par l’animal.
La matière sèche indique ce qui reste de l’échantillon une fois toute l’eau enlevée par séchage dans un four de laboratoire.
Pour l’ensilage de maïs, la teneur idéale en MS se situe entre 30 et 35 %. Un taux trop bas indique une ingestibilité médiocre et un risque de moisissures, tandis qu’un taux trop élevé peut rendre les tiges et grains moins digestibles et entraîner des échauffements dans le silo.
La protéine brute
La protéine brute (PB) donne une estimation des protéines totales basées sur le contenu en azote de l’aliment. Cela inclut la protéine soluble, dégradable, non dégradable et non digestible liée à la fibre. Elle varie en fonction de la maturité de la plante à la récolte et/ou de la fertilisation azotée sur les graminées.
Pour l’ensilage de maïs, la valeur idéale est entre 6 et 9 % de la matière sèche. Une mauvaise conservation peut diminuer la qualité des protéines.
La matière azotée totale
La Matière Azotée Totale (MAT) permet de calculer la valeur azotée du fourrage. Elle est essentielle pour le calcul des PDI.
La valeur MAT baisse lorsque la plante avance dans son cycle de maturité.
En ensilage de maïs, la MAT est généralement comprise entre 7 et 7,5 % de la matière sèche.
Les glucides non structuraux :
- Sucres (ou glucides solubles) :
Les sucres sont produits par les échanges entre les cellules de la plante. La photosynthèse génère ces sucres, qui sont ensuite stockés sous forme d’amidon. Leur solubilité (c’est-à-dire leur « fragilité ») peut entraîner des erreurs de mesure.
La valeur attendue en ensilage de maïs est de 4 % de MS. Un bon taux de sucres solubles ne compense pas un faible taux d’amidon en termes de valeur énergétique. Les sucres sont utilisés par les microorganismes du silo pour acidifier et conserver le fourrage. Ce taux diminue à la récolte, au fur et à mesure que la saison avance.
- Amidon :
L’amidon est un sucre complexe qui permet à la plante de stocker de l’énergie, surtout dans les grains. Sa teneur permet d’estimer la quantité de grains. Cette analyse est valable seulement si la matière sèche est supérieure à 28 %. Les résultats servent à calculer la valeur énergétique du fourrage.
La valeur attendue en ensilage de maïs est de 30 à 40 % de MS. Si la valeur est trop basse, il faut revoir la maturité à la récolte et le choix de l’hybride.
Attention à un taux d’amidon trop élevé si la matière sèche est faible. Ce taux dépend de la photosynthèse (ensoleillement) et du mûrissement des grains. Si la teneur en grain atteint 50 % (environ 35 % d’amidon), le risque d’acidose augmente. Il peut être nécessaire d’ajouter des fibres dans la ration. Un tamis à ration peut vous aider à confirmer cette hypothèse.
- Digestibilité de l’amidon :
La digestibilité in vitro de l’amidon est mesurée après broyage des particules (4 mm) et un séjour de 7 heures dans le rumen. Elle augmente pendant les 3-4 premiers mois de fermentation dans le silo. Cette mesure s’applique uniquement à l’ensilage de maïs.
La valeur attendue en ensilage de maïs est de 70 à 73 %. Si la valeur est trop basse, il faut revoir la maturité à la récolte et le choix de l’hybride. Si la valeur est trop haute, il faut surveiller la ration pour éviter l’acidose ruminale.
La cellulose brute
La cellulose brute est une approche de la digestibilité, et est donc un indicateur des risques d’acidose.
La valeur idéale pour l’ensilage de maïs est entre 17 et 20 % de la matière sèche.
Un taux trop élevé peut réduire la digestibilité. A l’inverse, une valeur faible indique un maïs très digestible, plus sujet aux acidoses ruminales.
Les fibres
- ADF (Acid Detergent Fibre) :
L’ADF (fibre insoluble dans un détergent acide) est exprimé en pourcentage de la matière sèche (MS). Il représente la cellulose et la lignine. Ce sont des hydrates de carbone structuraux présents dans la paroi de la plante. Plus l’ADF est élevé, plus la digestibilité du fourrage baisse, tout comme sa teneur énergétique.
Il est recommandé que l’ADF soit inférieur à 34 % pour les fourrages à base de graminées et légumineuses.
La valeur attendue en ensilage de maïs est de 20 à 26 % de MS.
Si la valeur est incorrecte, il faut revoir la maturité à la récolte pour l’ensilage de maïs, ou ajuster le stade de coupe pour les graminées et légumineuses.
- NDF (Neutral Detergent Fibre) :
Le NDF (fibre neutre dans un détergent) est exprimé en pourcentage de la matière sèche (MS). Il estime la quantité totale de fibres dans un fourrage. Il contient des fibres digestibles mais lentes à dégrader, comme l’hémicellulose et la cellulose. Un NDF élevé augmente l’encombrement ruminal, ce qui ralentit le passage des aliments et augmente les refus à l’auge. Les fourrages très fibreux peuvent rester de 3 à 5 jours dans le rumen.
Il est recommandé que le NDF soit inférieur à 53 % en tout temps. La valeur attendue en ensilage de maïs est de 40 à 43 % de MS.
La digestibilité de la NDF (dNDF) correspond à la fraction de la NDF qui est digérée dans le rumen après un séjour de 30 heures.
- ADL (Acid Detergent Lignin) :
La lignine représente la proportion de la fibre ADF qui est très peu digestible. Elle donne de la rigidité à la plante et fait partie de la paroi cellulaire. La lignine n’est pas digestible. La luzerne, faible en lignine, et le maïs à nervure brune (BMR) en contiennent moins.
Plus la lignine est élevée, plus la digestibilité du fourrage est faible. La digestibilité de la cellulose est inversement liée à la teneur en lignine.
La valeur attendue en ensilage de maïs est de 2,8 à 3,7 % de MS.
Les minéraux
Les minéraux (calcium, phosphore, magnésium, potassium, soufre, sodium, chlore, etc.) sont mesurés pour adapter la complémentation minérale des animaux. Ils peuvent aussi servir à évaluer la fertilité du sol où les fourrages ont poussé.
En ensilage de maïs, la teneur en calcium est généralement faible, avec une valeur idéale de 1,6 g/kg de matière sèche, et en phosphore, elle est de 1,8 g/kg de matière sèche.
Les minéraux en micro-éléments comme Cr, Co, Cu, I, Fe, Mn, Mo, Ni, Se, et Zn sont exprimés en ppm dans l’analyse, mais ils ne font pas partie des analyses de base. Il faut les demander spécifiquement.
Le taux de cendres
Le taux de cendres indique la quantité de matière non organique (terre, sable, saleté) présente dans le fourrage. Un taux trop élevé peut indiquer une mauvaise qualité de récolte. En ensilage de maïs, la valeur idéale est entre 3 et 4 % de la matière sèche.
Un taux de cendres élevé peut indiquer un ensilage qui se conservera mal à cause d’un risque de développement de bactéries butyriques, listéria, etc.
En règle générale, si la teneur en cendres est supérieure à 10 %, il faut vérifier :
- La hauteur de coupe et l’affilage des dents de la faucheuse.
- Le raclage et le fanage : est-ce que les dents touchent trop le sol ?
- L’épandage : le fumier a-t-il été bien composté et est-il en petits morceaux ? Quand a-t-il été épandu par rapport à la récolte du fourrage ?
Le pH et les acides
Le pH mesure l’acidité du fourrage. C’est un bon indicateur de la fermentation. Pour une même teneur en MS, plus le pH est bas, meilleure a été la fermentation.
Attention, le pH n’est pas toujours mesuré par les laboratoires. Pensez à bien le demander.
Un pH entre 4 et 5 est idéal pour un ensilage réussi. Si le pH est trop bas, des substances tampons peuvent être ajoutées à la ration. S’il est trop élevé, il est nécessaire de revoir la récolte et le choix des espèces, mais aussi d’envisager l’utilisation d’un additif.
L’acide lactique (produit par une bonne fermentation) doit être supérieur à 3 % et est utilisé comme source d’énergie.
L’acide acétique (qui donne une odeur de vinaigre) devrait être inférieur à 3 %. Il augmente lorsque l’ensilage est traité avec L. Buchneri et améliore la stabilité aérobie. La valeur cible est inférieure à 2 %.
L’acide butyrique (qui donne une odeur de rancissement) devrait être inférieur à 0,3 %. Il augmente lorsque l’ensilage est trop humide ou souillé par le sol. Une valeur inférieure à 0,25 % est acceptable, et un excellent ensilage a une valeur inférieure à 0,10 %.
Le ratio acide lactique/total conseillé est : 50 % pour un bon ensilage, 75 % pour un excellent.
Conclusion
Une analyse de fourrage en ensilage de maïs fournit des informations nécessaires pour optimiser l’alimentation des animaux.
En respectant les bonnes pratiques d’échantillonnage et en comprenant les résultats d’analyse, il est possible d’ajuster les rations pour maintenir un bon état de santé et améliorer la production des animaux.
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- Pour s’équiper d’une carotteuse à fourrage, rendez vous sur la boutique.
- Pour préparer votre échantillon à l’analyse, téléchargez un bordereau d’envoi sur le site du laboratoire.