BPR ? BalProRu ? Non, ce n’est pas du chinois !

C’est un nouvel indicateur de l’azote pour les rations de vaches laitières. 

Découvrez sa définition, ses valeurs, ses impacts et comment en tenir compte pour une ration efficace !

La Balance Protéique Ruminale, appelée BPR ou BalProRu, constitue un indicateur déterminant pour l’équilibre nutritionnel du rumen.

Cet indice mesure la quantité d’azote soluble apporté par les fourrages et concentrés aux microbes du rumen.

Il se calcule comme la différence entre l’azote disponible et l’énergie fermentescible du rumen.

Son optimisation influence directement les performances zootechniques des vaches laitières.

Comprendre la BPR en élevage bovin

La Balance Protéique Ruminale reflète donc l’alimentation azotée des microbes du rumen. Elle quantifie précisément les apports d’azote soluble fournis par la ration.

Il se calcule grâce à la valeur MAT ingérée et la digestibilité de la matière organique (dMO).

La BPR remplace désormais l’ancien critère RMIC = (PDIN-PDIE/UFL) dans le système INRA 2018.

Dans les anciennes normes de rationnement (avant 2018), l’azote était illustré par les valeurs PDIN et PDIE. La valeur PDI remplace dorénavant le minimum des anciens PDIN et PDIE.

Gestion de la BPR dans les rations pour vache laitière

L’objectif de valeur BPR varie selon le niveau de production.

Une valeur objectif de BPR entre 5 et 10 g/kg MS convient pour une vache produisant 30 kg de lait. Des ajustements spécifiques s’imposent pour les fortes productrices ou les primipares.

Selon le type de rations, les objectifs de BPR pour les vaches laitières en production sont :

  • Ration à base de maïs : entre -10 et 15
  • Ration à base d’herbe : entre 0 et 25
  • Ration à base de foin : entre -9 et -3

Valeurs de BPR des fourrages et des concentrés

Fourrages

Les valeurs BPR varient considérablement selon les fourrages :

  • Ensilage de maïs : entre -38 à -9, car déficitaire en azote soluble
  • Maïs épi : environ -50
  • Paille de céréales : environ -55
  • Ensilage de méteil : entre 16 et 20

Les fourrages à base d’herbe affichent des valeurs fluctuantes selon leur stade et composition.

  • Pâturage jeune : environ 20
  • Pâturage épié : environ 0 ou inférieur

    Concentrés

    Les principaux concentrés distribués aux vaches laitières ont des valeurs de BPR variables :

    • Tourteau de soja : environ 215
    • Tourteau de colza : environ 150
    • Tourteau de tournesol : environ 195
    • Farine de maïs : environ -54
    • Blé ou orge : entre -20 et -11
    • Pois protéagineux : environ 72
    • Féverole : environ 112
    • Luzerne déshydratée 18% MAT : environ 15
    • Son de blé : environ 30

    Pour accéder à toutes les valeurs, rien de tel que le réputé Livre Rouge, à commander en ligne.

    Formuler des rations en tenant compte de la BPR

    Les logiciels de rationnement aux normes les plus récentes intègrent désormais la BPR comme critère central.

    Il calcule l’équilibre azoté ruminal des rations formulées. Cette approche réduit significativement les pertes azotées zootechniques et environnementales.

    Il est donc dorénavant indispensable de faire analyser ses fourrages auprès d’un laboratoire capable de vous indiquer la BPR de votre échantillon.

    Impacts de la BPR sur les performances laitières

    Une BPR négative réduit l’efficacité digestive ruminale. Les microbes manquent d’azote soluble pour dégrader correctement les fibres. Cette situation diminue l’ingestion et les performances laitières.

    Une BPR excessive entraîne des pertes azotées urinaires importantes. Les microbes du rumen reçoivent trop d’azote soluble. L’excès d’ammoniac ruminal surcharge inutilement le foie. L’efficience protéique diminue, augmentant le coût alimentaire par litre de lait produit.

    Stratégies pour corriger la BPR en vache laitière

    Exemple d’une ration à BPR excessive

    Prenons le cas d’une ration à base de pâturage, d’ensilage de maïs et de tourteau de soja.

    La BPR est excessive. Il y a donc un gaspillage d’azote, un épuisement du foie, et une baisse des performances laitières qui impacte négativement la marge sur coût alimentaire. Les recommandations sont les suivantes :

    1. Réduire les sources de protéines dégradables dans le rumen : en diminuant la quantité de tourteau de soja ou le remplacer partiellement par des sources de protéines moins dégradables comme le tourteau de colza ou le tourteau de soja tanné
    2. Augmenter les sources d’énergie fermentescible, avec davantage d’ensilage de maïs dans la ration, ou l’ajout de céréales (farine de maïs grain, ou à défaut de l’orge) pour favoriser la synthèse de protéines microbiennes, et/ou l’ajout de sucres rapidement fermentescibles comme de la mélasse
    3. Incorporer des protéines by-pass (qui apportent des PDIA) via des matières premières riches en protéines non dégradables comme le corn gluten meal ou les drêches de distillerie ou des protéines tannées ou traitées thermiquement
    4. Gérer le pâturage, en faisant pâturer des prairies plus matures où la teneur en protéines solubles est moindre.
    5. Utiliser des additifs, comme des tanins qui peuvent réduire la dégradabilité des protéines dans le rumen, ou aussi des huiles essentielles qui peuvent moduler l’activité microbienne du rumen

    Correction d’une BPR déficitaire

    Les tourteaux (soja, colza, tournesol) redressent rapidement une BPR négative. Leur teneur en MAT soluble alimente directement les microbes du rumen.

    Les légumineuses fourragères contribuent aussi à équilibrer les rations déficitaires en BPR. Leur richesse en azote rapidement dégradable stimule l’activité microbienne. Leur association avec les graminées améliore l’efficacité alimentaire globale.

    Conclusion

    La BPR représente un indicateur récent majeur dans la nutrition des vaches laitières. Son intégration dans le rationnement quotidien améliore l’efficience des exploitations laitières. Maîtriser ce paramètre technique permet de conjuguer performances économiques et durabilité environnementale.

    En cas de besoin, rapprochez-vous de votre conseiller d’élevage ou nutritionniste indépendant.

    Article rédigé par Eva Garre

    Eva est nutritionniste indépendante pour les éleveurs bovins. Elle accompagne les éleveurs pour atteindre l’autonomie alimentaire et maximiser leur rentabilité.

    Contactez Eva au 06.59.58.22.32 ou par mail eva@evaenelevage.fr