Les agriculteurs cherchent à améliorer l’autonomie alimentaire en élevage bovin pour réduire les coûts de production et améliorer la traçabilité de leurs produits. Les mots-clefs venant à l’esprit des éleveurs interrogés sur l’autonomie alimentaire sont : sécurité fourragère, rentabilité, limiter les intrants, produire économe, …
La ration des bovins français est majoritairement composée d’aliments produits sur l’élevage. Pour autant, des pistes d’amélioration restent possible.
Table des matières
1. Définitions
L’autonomie alimentaire est le rapport entre les aliments produits sur l’élevage et les aliments consommés par les animaux, qu’ils aient été achetés ou produits.
Autrement dit, l’autonomie alimentaire en élevage bovin correspond à la part des besoins du troupeau couverte par les fourrages et concentrés produits sur la ferme.
Elle peut être déclinée en plusieurs spécificités, liées à l’apport en énergie et en protéines de l’aliment :
• Autonomie alimentaire massique : part des besoins couverts par les aliments produits sur l’élevage, exprimé en MS.
• Autonomie alimentaire protéique : part des besoins protéiques couverts par les aliments produits sur l’élevage, exprimé en MAT.
• Autonomie alimentaire énergétique : part des besoins énergétiques couverts par les aliments produits sur l’élevage, exprimé en UF.
Ces déclinaisons permettent aussi de se situer grâce à des indicateurs techniques.
2. Contexte
Les éleveurs cherchent à sécuriser l’alimentation de leur troupeau en termes de quantité, de qualité et de coût de production. Au sein des élevages bovins françaises, 90% des aliments (fourrages et céréales) sont issus de la ferme.
L’autonomie alimentaire en élevage bovin est aussi un enjeu fort pour faire face à la volatilité des prix des matières premières et intrants.
S’ajoute à cela, l’adaptation aux aléas climatiques qui encourage les élevages vers la voie de l’autonomie fourragère et en concentrés.
Zoom sur la filière bovin viande
Les systèmes bovins viande français ont un niveau d’autonomie fourragère massique de 98% en moyenne. 9 élevages bovins viande sur 10 sont autonomes en fourrages.
L’autonomie en concentrés est seulement de 38%. Ce chiffre est expliqué par le fait qu’un quart des élevages bovins viande achète la totalité des concentrés. C’est le cas des systèmes 100% herbagers. Les systèmes orientés en polyculture-élevage ont une autonomie en concentrés supérieure à 60% puisqu’ils auto-consomment les céréales produites sur l’élevage.

Zoom sur la filière bovin lait

Le taux d’autonomie global est de 86 % pour la matière sèche (MS), 82 % pour l’énergie et 71 % pour les matières protéiques. En ce qui concerne les concentrés, l’autonomie est nettement plus faible, atteignant seulement 32 %.
Dans les systèmes conventionnels, les élevages diversifiées avec de la viande à l’herbe sont plus autonomes que celles produisant du taurillon, surtout en protéines (79 % vs 65 %). Chez les spécialisés lait, les systèmes herbagers et ceux utilisant peu de maïs sont plus autonomes en matières protéiques des concentrés que les systèmes utilisant beaucoup de maïs (24 vs 9 %). Source
Les différences entre les systèmes s’expliquent principalement par le niveau d’intensification, telles que le chargement, la production par vache et la quantité de concentrés par vache.
3. Les indicateurs de l’autonomie alimentaire en élevage bovin
A. L’autonomie massique fourragère
Elle représente la part de fourrages achetés sur la totalité des fourrages consommés.
Formule de calcul =
1-(MS fourrages achetés consommés/ total MS fourrages consommés) X100
Exemple :
Un élevage de 50 vaches laitières achète chaque année un plateau de 20 bottes de foin de luzerne, soit environ 10 tMS. La consommation annuelle de fourrages est de 175 tMS.
Calcul = [1- (10/175)]x100 = 94 %
Cet élevage a une autonomie massique fourragère de 94%.
B. L’autonomie massique en concentrés
Elle représente la part de concentrés achetés sur la totalité des concentrés consommés.
Formule de calcul =
1-(MS concentrés achetés consommés/ total MS concentrés consommés) X100
Exemple :
Un élevage de 50 vaches laitières achète chaque trimestre 7 tonnes de concentrés, soit environ 28 tonnes à l’année. La consommation annuelle de concentrés est de 60 tMS.
Calcul = [1- (28/60)]x100 = 53 %
Cet élevage a une autonomie massique en concentrés de 53%.
C. L’autonomie protéique
Elle représente la part de matières azotées totales (MAT) autoproduites et consommées sur la totalité de la MAT de la ration.
Vous pouvez réaliser le calcul sur le site Autosysel.
Exemple de rendu :
D. L’autonomie massique totale
Elle représente la part d’achats extérieurs (fourrages et concentrés) sur la totalité des aliments consommés.
Formule de calcul =
1-(MS fourrages et concentrés achetés consommés/ total MS fourrages et concentrés consommés) X100
Exemple :
Pour notre élevage de 50 vaches laitières pris en exemple :
Calcul = [1- (28+10)/(175+60)]x100 = 84 %
Notre élevage pris en exemple a une autonomie massique totale de 84%.
E. L’autonomie massique globale
A ne pas confondre avec l’autonomie massique totale ! Elle représente le pourcentage de la capacité d’ingestion d’un UGB moyen du troupeau couvert par les achats extérieurs (fourrages et concentrés).
Formule de calcul =
Capacité d’ingestion estimée par UGB – (MS fourrages et concentrés achetés consommés par UGB) / (capacité d’ingestion estimée par UGB) X100
Exemple :
Pour notre élevage de 50 vaches laitières pris en exemple, on estime la capacité d’ingestion d’un UGB à 5 tMS de fourrages et 500 kg de concentrés.
Autonomie massique globale = [5,5-((28+10)/50)/5,5)]x100 = 86 %
Cet élevage a une autonomie massique globale de 86%.
4. Les leviers pour atteindre l’autonomie alimentaire en élevage bovin
Trois familles de leviers sont fréquemment utilisées par les éleveurs de bovins pour gagner en autonomie alimentaire, et particulièrement en autonomie protéique :
– le pâturage
– la culture des prairies
– les légumineuses fourragères
Divers leviers technico-économiques peuvent être cités par thème :

- Mieux valoriser l’herbe :
- Pâturer à l’automne et à l’hiver dans certaines conditions
- Faucher précocement pour des stocks de qualité
- Faire des stocks sur pied
- Pâturer des céréales en fin d’hiver
- Alterner fauche et pâturage pour faire du stock et stimuler la pousse
- Produire plus de ressources fourragères :
- Implanter du sorgho fourrager
- Adapter les espèces et variétés dans les prairies, selon les sols et les objectifs de production
- Cultiver des espèces fourragères en interculture
- Semer une prairie multi-espèces sous couvert de méteil


- Adapter la conduite du troupeau :
- Associer la pousse de l’herbe à la production
- Modifier les périodes de vêlage
- Adapter la rusticité des animaux au système d’élevage (choix de la race, croisement 3 voies, sélection génétique)
- Avancer l’âge au premier vêlage en réduisant la période improductive
- Utiliser des aliments fermiers pour élever les génisses
Les pistes sont nombreuses.
Le plus dur reste de faire le tri pour choisir les leviers les plus adaptés à son système d’élevage et ses objectifs.
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