Comment reconnaître une situation de météorisation chez la vache et agir vite pour éviter la mort ?
L’excès de trèfles et de luzerne au pâturage peut mener à de la mortalité. Les symptômes de la météorisation sont facilement reconnaissables, mais il faut savoir agir efficacement.
Table des matières
1. Définition de la météorisation chez la vache
Il existe deux types de météorisation :
• La gazeuse (plus ordinaire)
• La spumeuse
Dans les deux cas, le rumen (un des pré-estomacs) de la vache se remplit excessivement de gaz.
Généralement, il s’agit d’une production excessive de protéines solubles par la flore ruminale, suite à l’ingestion de pâturage jeune et riche. Cela crée une mousse qui bloque l’évacuation des gaz du rumen : la vache gonfle et « s’étouffe ».
L’apparition de la maladie peut être brutale. La vache peut mourir en quelques heures seulement.
2. Explications
L’ingestion d’une grande quantité de fourrage à haute valeur alimentaire est l’explication la plus probable des météorisations.
Les légumineuses, telles que les trèfles et les luzernes, sont souvent les espèces à l’origine des épisodes de météorisation chez la vache.
Cependant, les jeunes céréales peuvent aussi être responsables.
Ces fourrages, ainsi ingérés rapidement, entraînent une fermentation intense dans le rumen, ce qui conduit à la production de gaz et sa rétention au sein de la panse.
Le gaz peut s’accumuler à deux endroits :
– En cas de météorisation ordinaire : les gaz se logent dans la partie supérieure du rumen. Ils ne peuvent donc pas être évacués par éructation (voie orale).
– En cas de météorisation spumeuse : les gaz se logent dans tout le rumen sous forme de petites bulles. Piégées à l’intérieur du contenu du rumen, une mousse se forme en excès. Il n’y a plus assez de salive dans la bouche de la vache, pour diluer les aliments.
3. Les symptômes de météorisation chez la vache
• Les vaches sont extrêmement gonflées côté gauche (vue de l’arrière de l’animal) ce qui correspond à l’emplacement du rumen. Cela peut concerner un animal, comme plusieurs. Cela ne reflète pas l’intensité de l’épisode de météorisation.
• Les vaches titubent et se balancent sur elles-mêmes.
• Elles semblent saliver de manière excessive et de la mousse sort de leurs bouches.
• Les vaches ont le regard perdu et inquiet.
• Les vaches se regardent les flancs.
• Les mouvements respiratoires sont nombreux et rapides.
• La fréquence cardiaque augmente.
• Les vaches ne donnent pas leur lait comme d’habitude.
• Les vaches montrent des retours en chaleurs, signe d’une mauvaise fertilité.
• Les analyses d’urée du lait dépassent les 400 mg.
4. Mesures d’urgence : comment faire dégonfler une vache ?
Pour soigner votre troupeau, le vétérinaire doit rester votre allié. La téléconsultation est envisageable pour confirmer le diagnostic.
Mesures simples :
• disposer du foin fibreux appétant à volonté à l’auge
• rentrer les animaux en bâtiment s’ils sont au pâturage (cela limitera aussi le stress thermique)
• ouvrir l’aire paillée pour les inciter à la rumination et à l’ingestion de paille
• laisser plusieurs heures les vaches en bâtiment sous surveillance, à l’abri de la chaleur
• masser le flanc gauche de l’animal
• stimuler la production de salive en activant les points d’acupression sur la tête de l’animal
Mesures techniques :
• distribuer de l’huile de paraffine ou végétale, dans la bouche de l’animal, à l’aide d’un pistolet drogueur, pour limiter l’effet « saponification » (formation de mousse)
• ponctionner la panse par la mise en place d’un trocart, ou d’une incision dans le flanc gauche, en cas d’urgence vitale
5. Mesures préventives : comment éviter la météorisation ?
- Adapter le circuit de pâturage en donnant accès à des prairies plus diversifiées, même si moins lactogènes.
- Laisser monter les trèfles et les luzernes en fleurs. Ces légumineuses sont moins météorisantes quand elles sont fleuries.
- Intégrer des plantes à tanins, telles que la chicorée ou le plantain dans les mélanges prairiaux. Les tanins lient les protéines entre elles pour les rendre moins dégradables.
- Maintenir l’apport en sodium, mais aussi en potassium, lors de pâturage riche. Le sel favorise la consommation d’eau, qui va ainsi diluer le contenu du rumen et générer une fermentation moins intensive.
- Sortir les vaches avec un fond de panse plein de bonnes fibres, à raison de 2 kg MS par vache.
- Prévenir l’assurance de mortalité exceptionnelle
La météorisation chez la vache s’anticipe
Selon l’évolution de la présence de trèfles, de l’état des parcelles et bien sûr des vaches, la conduite au pâturage doit s’adapter. Il est nécessaire de tenir compte du sol, des fertilisants, du plan prévisionnel de fumure et des animaux pour éviter les épisodes de météorisation mortels !
Article rédigé par Eva Garre
Eva est nutritionniste indépendante pour les éleveurs bovins. Elle accompagne les éleveurs pour atteindre l’autonomie alimentaire et maximiser leur rentabilité.
Contactez Eva au 06.59.58.22.32 ou par mail eva@evaenelevage.fr