La trésorerie, qu’elle soit déficitaire ou excédentaire, est un sujet incontournable.
Que vous soyez jeune agriculteur, en cours de carrière ou bientôt retraité, garder un oeil sur sa trésorerie vous permet d’éviter les difficultés financières.
Cet article vous explique les objectifs d’une trésorerie maîtrisée, les problèmes régulièrement rencontrés et les solutions adaptées à chaque situation.
- Améliorer la rentabilité de son système
- S’affranchir de prestataires extérieurs influents
- Devenir autonome dans ses décisions et démarches commerciales
- Prendre en main la complexité administrative des exploitations agricoles
- Gagner en temps, argent et sérénité !
Utiliser des outils de pilotage vous permet d’améliorer la gestion globale de votre entreprise pour faire les bons choix au quotidien.
Le premier outil indispensable de gestion est le budget prévisionnel de trésorerie.
Il permet de gérer les fluctuations du compte bancaire au cours des mois et des relations avec les partenaires.
Les différentes situations que vous pouvez rencontrer
Quelque soit votre production, vous êtes concerné par le budget de trésorerie.
Vous pouvez faire face à plusieurs types de situations à gérer :
1) en croisière :
Il est plutôt simple d’anticiper les fluctuations mensuelles en fonction de votre production. Par exemple, en système « vêlages groupés », il faudra anticiper les baisses de chiffre d’affaires sur les mois de tarissement. Pour les systèmes céréaliers, faire des contrats de vente avant récolte, en actionnant des put ou des call, vous permettra de maîtriser les baisses de cours du marché.
2) les imprévus :
Les prix de vente qui diminuent soudainement, les aléas climatiques qui peuvent générer des mauvaises récoltes ou absence de récolte, une crise sanitaire qui bloque les marchés, … peuvent engendrer des difficultés de paiement. Le suivi de son budget de trésorerie permet alors, autant que possible, d’épargner pour assurer ses arrières. Cela permet d’optimiser la visibilité des factures en attente, et ainsi demander de manière cohérente des dates de paiement adaptées à son système.
3) Les évolutions et projets :
Une reprise de foncier, l’installation d’un robot ou une évolution croissante/décroissante du cheptel doivent se préparer. Vous pouvez alors faire un budget de trésorerie prévisionnel qui permettra de vérifier si le respect des échéances et factures pourra être maintenu. Quelques soient les évolutions de système envisagées, il est fortement suggéré de faire une étude prévisionnelle.
Les alertes d’une gestion de trésorerie inadéquate
- Un retard ou un allongement des délais de paiement
- Des retards de remboursement
- Un solde négatif
- Une utilisation des ouvertures de crédit auprès des banques
- Un recours régulier aux avances (TVA, PAC, …) et acomptes
Les causes de problèmes de trésorerie
- Décalage entre les produits et les dépenses
- Manque de production par rapport aux charges fixes
- Charges opérationnelles (dépenses courantes) non maitrisées
- Prélèvements privés trop importants
- Trop de remboursements d’emprunts
- Des échéances mal positionnées ou mal étalées
Les solutions « internes à l’exploitation » pour faire face à des difficultés de trésorerie
- Augmenter la rentabilité des produits vendus (marge, coût de production, prix d’équilibre) en ajustant les recettes aux dépenses quand c’est possible
- Modifier vos prélèvements privés, même ponctuellement
- Ajuster les paiements de cotisations sociales (demande à faire auprès de la MSA)
- Ajuster le remboursement de la TVA (prévoir un passage à la déclaration trimestrielle par exemple)
- Choisir le bon rythme de remboursement d’emprunt en fonction du système de production
- Amener des fonds privés sur l’exploitation en extrême recours
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des exploitants rencontrent des difficultés de trésorerie au cours de leur carrière
Les solutions « externes à l’exploitation » pour faire face à des difficultés de trésorerie
- Faire appel à un emprunt court terme pour financer le déficit le temps du cycle de production (récolte d’une céréale par exemple) via un court terme remboursable en une seule fois (quand les recettes rentrent en 1 seule fois) ou via un court terme remboursable en plusieurs fois (quand les recettes sont régulières)
- Faire la demande d’un acompte ponctuel pour assurer la jonction sur quelques mois avant l’arrivée d’une rentrée d’argent. Restez vigilant avec votre banquier ou expert-comptable que cet acompte ne va pas entrainer un manque de recettes à d’autres moments …

Prêt court terme ou Crédit fournisseur : lequel choisir ?
Exemple de 10 000 € sur une période de 10 mois :
Calcul d’un CT à 2% sur 1 an = [ (10 000 € x 1,02) – 10 000 € ] × 10/12 = 167 €
Calcul d’un CF à 2% mensuel = [ (10 000 € x 1,0210) – 10 000 € ] × 10/12 = 2 190 €
Le CT est plus avantageux que le crédit fournisseur !
Si les difficultés persistent, des solutions structurelles peuvent être mises en place, telles que :
- Allonger la durée des emprunts en cours
- Financer un actif autofinancé par un emprunt long-moyen terme (LMT)
- Reprendre par un emprunt LMT des encours bancaires à CT = C’est ce qu’on appelle un « Prêt de consolidation »
- Décapitaliser
Penser aux mécanismes généraux d’aide en cas de crise : il ne faut pas avoir peur de solliciter de l’aide dès que l’on sent les difficultés s’installer. Le dicton dit « Mieux vaut prévenir que guérir » !
Quelques contacts utiles :
France : Agri Collectif ; Solidarité Paysans
Pays de Loire : BCAO – Réagir
Bretagne : Agriculteurs en difficulté
N’attendez pas que les difficultés s’aggravent pour demander de l’aide !
Comment réagir si …
- Vos factures s’entassent ?
- Vous avez beaucoup de frais bancaires, d’agios, etc ?
- Vous êtes constamment relancé par le banquier et vos fournisseurs ; vous ne savez plus quoi leur dire …
Il est judicieux de posséder des outils de pilotage pour répertorier, organiser et anticiper les paiements.
Les relations avec les partenaires ne seront que meilleures.
Connaitre ses dates d’échéance d’emprunts est essentiel, d’autant plus que vous les mettrez à jour dans votre budget de trésorerie. Connaitre aussi les délais de règlement de chacun de ses fournisseurs favorise les relations et les anticipations. Faites vous un mémo que vous affichez à votre bureau. Et bien sûr, dès que vous pouvez, épargnez pour plus de serenité !
Vous pouvez aussi faire le choix de vous faire accompagner pour analyser la situation globale de votre entreprise. Un conseiller indépendant pourra alors vous orienter pour vérifier la maîtrise de vos coûts de production, et éventuellement envisager la réduction de l’envergure de l’exploitation.
Comment gérer les déficits et excédents de trésorerie au quotidien ?
Qu’ils soient ponctuels ou plus persistants dans le temps, les déficits de trésorerie doivent absolument être gérés, de manière à éviter les agios et autres frais bancaires.
1. Repérer les moments de déficits et d’excédents sur son graphique de budget de trésorerie
2. Déterminer de quels types de déficits il s’agit :
- Inférieur à 2 mois et d’un montant de faible valeur
✓ Je vérifie alors mes autorisations de découvert
✓J’envisage d’anticiper des ventes (vaches de réforme, céréales, etc).
✓J’injecte de la trésorerie sur mon compte courant.
✓Je diminue mes prélèvements.
✓Je demande à retarder mes prélèvements.
- Supérieur à 3 mois quelque soit le montant
✓ Je cherche d’abord l’origine du problème : suis-je en attente du versement d’une subvention, des aides PAC, du remboursement de TVA, … ?
✓ J’envisage l’ouverture d’un prêt court terme auprès de la banque.
- Montant important et déficit récurrent
✓Ce type de circonstances nécessite généralement de se pencher plus sérieusement sur le problème, en envisageant une restructuration bancaire.
✓Je vérifie dans un premier temps si mon système de production est efficace et que la marge dégagée est suffisante par rapport à mes objectifs. L’outil « marge brute » peut vous aider.
✓Je peux décider de reporter mes annuités ou demander un prêt de consolidation sur plusieurs années. Ces demandes ne sont pas une fatalité en soi. Elles peuvent au contraire donner un vrai coup de pouce à votre exploitation !
✓Je retarde mes nouveaux investissements et ai plutôt recours au leasing en cas de besoin de renouvellement rapide.
3. Mettre en lumière les excédents pour les utiliser à bon escient
✓La décision d’épargner ou de placer, selon les taux et prélèvements possibles une fois l’argent placé, est souvent le plus judicieux.
✓Il est aussi possible de payer les fournisseurs en avance. Le bénéfice est d’abord d’obtenir des escomptes (des réductions financières qui naissent du paiement anticipé) et aussi, de maintenir des bonnes relations avec vos partenaires !