La coccidiose est une maladie parasitaire intestinale qui affecte fréquemment le veau laitier.

La coccidiose a un impact économique significatif dans les élevages bovins.

Crédit Photo : Guilhem Vellut

La coccidiose est une maladie parasitaire intestinale provoquée par des protozoaires du genre Eimeria. Ces parasites se multiplient dans l’intestin grêle et le gros intestin du veau, provoquant des lésions et des dommages aux parois intestinales.

Les coccidies sont des microorganismes protozoaires (une seule cellule avec un noyau).

Il en existe plusieurs espèces différentes, mais seules deux d’entre elles sont pathogènes pour les bovins : Eimeria bovis et Eimeria zuernii.

Causes de la coccidiose

Le veau laitier est particulièrement vulnérable à la coccidiose en raison de leur système immunitaire immature. Les veaux âgés de 30 à 50 jours sont les plus concernés.

Un veau de moins de 15 jours ne peut pas être concerné puisqu’il faut minimum 16 jours au parasite pour infester l’intestin.

Les principales causes de la coccidiose incluent un environnement insalubre, la surpopulation, le stress, une alimentation inadéquate et la présence de coccidies infectieuses dans l’environnement.

Les coccidies se multiplient plus facilement quand il fait chaud, humide et sombre. L’environnement joue donc un rôle clef dans la gestion de la coccidiose.

Mode de transmission

La coccidiose se propage principalement par l’ingestion d’œufs de coccidies présents dans l’environnement contaminé.

Le veau peut donc se contaminer en ingérant de la litière contaminée, en léchant des murs ou en tétant des tétines ou mamelles contaminées.

Les veaux sont les plus exposés lorsqu’ils n’ont pas reçu un colostrum en quantité et en qualité suffisante.

Coccidiose veau

Symptômes de la coccidiose du veau

Les signes cliniques peuvent varier en fonction de la gravité de l’infection.

Les symptômes courants de la coccidiose chez le veau sont :

  • la diarrhée sanglante ou noirâtre, avec l’arrière-train souillé
  • une difficulté à défequer
  • la perte de poids et donc une baisse de croissance
  • la déshydratation
  • la léthargie
  • une diminution de l’appétit

Conseils de prévention contre la coccidiose

Maintenir une hygiène stricte dans l’environnement des veaux en nettoyant régulièrement les cases et en évitant l’accumulation de fumier.

Désinfecter les cases avec un produit actif contre les coccidies (produits à base d’ammoniac), en respectant le temps d’application du produit et les dilutions, en appliquant une eau à plus de 80° C

Éviter la surpopulation dans les cases pour réduire la propagation de la maladie (minimum 2m² par veau de moins de 3 mois)

Fournir une alimentation de qualité et éviter les variations brusques dans le régime alimentaire des veaux.

Créer des lots de veaux homogènes pour adapter l’alimentation en fonction des croissances

Minimiser le stress des veaux en assurant des conditions d’élevage appropriées (éviter l’écornage sur des veaux malades, ne pas isoler visuellement les veaux de ses congénères, proposer un abri couvert, une lampe chauffante ou une couverture aux veaux les plus chétifs, …)

« Il a été montré que les animaux les plus calmes utilisent l’énergie plus efficacement, augmentant ainsi la croissance et les réserves d’énergie sous forme de tissu adipeux. »

Pol Llonch Obiols

Chercheur scientifique à l'Université de Barcelone, Département des Sciences Animales

Détecter la coccidiose chez le veau

Il n’y a pas de corrélation entre la quantité de coccidies excrétés et l’importance des symptômes. Un veau gravement malade de coccidiose n’excrète donc pas forcément plus de coccidies qu’un veau présentant peu de symptômes.

La coproscopie (7 € HT avec Alliance Elevage : faites votre demande ici) est un outil de diagnostic fiable. Prélever les bouses de manière individuelle ou collective sur des veaux suspects et malades permet de connaître la concentration des œufs par gramme de fèces. Au-delà de 1000 œufs de coccidies/g, on peut considérer le veau atteint de coccidiose.

Une autopsie peut aussi être réalisée sur les veaux morts. Des lésions sur le tube digestif sont alors visibles.

Traitements curatifs et préventifs

La prévention est cruciale pour éviter les épidémies de coccidiose.

L’utilisation d’anticoccidien (aussi appelé coccidiostatique) peut être envisagée pour contrôler la maladie. Ils agissent en limitant la multiplication des parasites dans l’intestin. Leur utilisation doit être prudente et supervisée par un vétérinaire.

L’action coccidiostatique du décoquinate contre des parasites du genre Eimeria a été démontré pour les cas cliniques (avec symptômes) par Miner et Jensen dès 1976, et pour les cas subcliniques (pas de symptômes visibles) par Reynal et al en 1995.

Pour aider le veau dans sa guérison, traiter les symptômes est important. Généralement, un réhydratant est prescrit, en plus de pansements intestinaux et anti-hémorragiques. Des méthodes simples sont possibles pour aider un veau en diarrhée.

Restez en contact avec votre vétérinaire dans les 15 jours qui suivent le traitement, car les rechutes sont nombreuses.

Médecines complémentaires avec la phytothérapie

Pour se défendre contre les agressions de l’environnement (froid, soleil, maladies cryptogamiques, parasites bactériens), les plantes synthétisent naturellement des métabolites secondaires. Ainsi l’utilisation d’extraits végétaux riches en principes actifs bien définis (tannins, terpènes, phénols, …) revêt un intérêt particulier en alimentation des animaux pour contribuer à la maitrise des certains agents pathogènes bactériens, fongiques ou voir viraux.

Josef Illek

Chercheur scientifique à l'Université des sciences vétérinaires et pharmaceutiques de Rép. Tchèque

La phytothérapie (médecine naturelle basée sur l’utilisation des plantes et de leurs extraits) est une voie nouvelle innovante dans le contrôle de l’infestation, dans un contexte d’agriculture durable pour une sécurité de l’environnement et une absence de résidus dans les produits consommés.

Un produit à base d’extraits de plantes, de la famille des Asteraceae, Rosaceae et Fabaceae a été testé sur le jeune ruminant. Il s’agit d’un mélange d’extraits de plantes, commercialement appelé Oilis, qui lutte contre la coccidiose. L’essai scientifique a montré que le produit de phytothérapie testé, distribué pendant les 28 premiers jours de vie, permet, en conditions naturelles d’infestation, de réduire le nombre de veaux excréteurs d’oocystes de coccidies, voire de réduire le niveau d’excrétion de ces veaux excréteurs. Il y aussi un gain de poids précoce des veaux et la qualité des carcasses.

Un autre essai scientifique a mesuré les effets sur des paramètres zootechniques et sanitaires, de l’utilisation d’un additif à base d’actifs végétaux de terpènes, dans l’alimentation de veaux laitiers sevrés. Même si les veaux ayant reçu l’additif ont été davantage excréteurs les premiers jours, aucun de ces veaux n’a présenté de diarrhée avant 30 jours d’âge. Les croissances des veaux ayant reçu l’additif ont été meilleures : 1190 g de GMQ par jour contre 960 g pour des veaux sans additif).

Différence avec la cryptosporidiose chez le veau

Il est important de noter que la coccidiose et la cryptosporidiose sont deux maladies différentes.

La coccidiose est provoquée par les coccidies du genre Eimeria, tandis que la cryptosporidiose est causée par le parasite Cryptosporidium.

Bien que les symptômes puissent se chevaucher, ces maladies sont distinctes et nécessitent des approches de diagnostic et de traitement spécifiques.

Impacts économiques de la cryptosporidiose

La coccidiose peut entraîner d’importants coûts économiques pour les éleveurs de vaches.

Outre les coûts liés au traitement et à la perte de poids des veaux, il y a également une réduction de la production laitière chez les animaux ayant connu des retards de croissance.

Les pertes économiques découlant de la coccidiose peuvent être significatives, justifiant ainsi la mise en place de mesures de prévention et de gestion efficaces.

Conclusion

La coccidiose est une maladie grave qui peut avoir des conséquences néfastes sur la production laitière et la rentabilité d’une exploitation.

La prévention et la gestion appropriées de cette maladie sont essentielles pour assurer la santé et la prospérité des veaux laitiers. En suivant les conseils de prévention et en travaillant en étroite collaboration avec un vétérinaire, les éleveurs peuvent réduire les risques liés à la coccidiose et minimiser ses impacts économiques, tout en veillant à la santé et au bien-être de leurs animaux.

Pour anticiper la survenue de la coccidie dans votre élevage de veaux, faites appel à un conseiller indépendant en élevage. Il vous orientera de manière individualisée sur les conseils de prévention à mettre en œuvre.

Sources bibliographiques :

Utilisation d’extraits de plantes pour réduire les excrétions fécales d’oocystes de coccidies et améliorer les performances des veaux de boucherie, GERARD C., MAGE C., GUYONVARCH A., Renc. Rech. Ruminants, 2010, 17, p.315 ici

Evaluation d’actifs végétaux naturels titrés sur la gestion préventive de la coccidiose et les performances de veaux laitiers (Simmental) sevrés, ILLEK J., KUMPRECHTOVA D., MEDINA B., Renc. Rech. Ruminants, 2010, 17, p. 93 ici

Influence d’un apport de décoquinate sur la croissance et l’ingestion chez les veaux d’élevage, JURJANZ S., COLIN-SCHOLLEN O., RICHARD A., LAURENT F., Renc. Rech. Ruminants 1997,4, p. 292 ici