Nombreux sont les ratios financiers et économiques calculés dans les prévisionnels d’installation. Mais trop de chiffres rend illisible l’interprétation de la viabilité du projet.
Nous avons sélectionné 5 indicateurs clefs pour valider (ou non !) votre projet d’installation agricole.
Table des matières
La marge brute de l’atelier principal
La marge brute se calcule simplement : les produits – les charges opérationnelles d’un atelier.
Ce résultat permet de se questionner sur la rentabilité de l’atelier.
Il permet aussi de se comparer avec des références issues d’ateliers similaires (même système de production, même nombre de vaches, etc).
Prenons l’exemple d’un atelier caprin livreur de lait, conventionnel de l’Ouest de la France :
La production de lait ainsi que les produits liés à la production de fourrages ont permis d’atteindre un chiffre d’affaires de 857 € par chèvre. En parallèle, les charges opérationnelles liées à l’atelier caprin ont atteint 401 € par chèvre. Ainsi, la marge brute restante était de : 857 – 401 = 456 euros par chèvre. La marge brute moyenne en 2022 était de 456 €/chèvre.
Cette marge permet ainsi de payer les charges de structure directes de l’entreprise, comme par exemple, l’électricité, l’eau, le loyer …
Pour télécharger votre tableur gratuit de calcul de marge brute, c’est ici pour les vaches laitières et ici pour les vaches allaitantes.
Le taux de rentabilité
La rentabilité de la ferme peut s’estimer par l’EBE. C’est l’Excédent Brut d’Exploitation.
Il est calculé selon : Produits – Charges (opérationnelles + de structure directes).
L’EBE doit être en mesure de :
- assurer les prélèvements privés du ou des agriculteurs-associés (équivalent au « salaire net » si vous étiez un salarié)
- rembourser les annuités à la banque
- laisser une marge de sécurité financière suffisante pour autofinancer les investissements, de financer les stocks, d’améliorer la trésorerie
L’efficience de la ferme s’estime par : EBE/Produit x 100.
⇒ Notre conseil : Viser au moins 35% !
Cet indicateur peut être comparé aux systèmes agricoles recensés dans le tableau ci-dessous.
Source : Création par Conseil en agriculture. Données issues de Inosys Réseaux d’Elevage.
Votre système ne figure pas dans le tableau ? Vous pouvez chercher les indicateurs sur le portail Inosys sur ce lien.
Vous souhaitez calculer le taux de rentabilité de votre projet ? Télécharger notre modèle de business plan agricole ici.
Le résultat d’exercice
Le résultat indique le bénéfice ou la perte de l’exercice de la ferme. Il peut prendre en compte le résultat exceptionnel (un produit important que vous n’aurez pas chaque année, par exemple : le recouvrement d’une créance importante, la vente d’un actif, …). Il sert pour le calcul de l’impôt et cotisations sociales.
Ce que le/la chef(fe) d’exploitation a gagné grâce à son exploitation agricole correspond au résultat de l’entreprise, c’est-à-dire au résultat de l’exercice. Il ne faut pas le confondre ni avec le montant des prélèvements privés, ni avec la trésorerie disponible, ni avec le chiffre d’affaires.
On trouve le résultat dans le compte de résultat, à la page des S.I.G (Soldes Intermédiaires de Gestion).
Il est recommandé d’atteindre les moyennes nationales du système agricole le plus proche du vôtre. Dans le tableau ci-après, vous trouverez les résultats d’exercice (en €/ exploitant) dans différents types de systèmes d’élevage :
Source : Création par Conseil en agriculture. Données issues de Inosys Réseaux d’Elevage.
Votre système ne figure pas dans le tableau ? Vous pouvez chercher les indicateurs sur le portail Inosys sur ce lien.
La marge de sécurité
La marge de sécurité sert à :
• faire face aux aléas, à consolider la situation financière,
• autofinancer de nouveaux investissements
• faire face à une nouvelle annuité.
Elle doit être supérieure à 15% de l’EBE (à nuancer selon les productions).
Aujourd’hui, les partenaires bancaires demandent 15 à 20% de marge de sécurité/EBE, dans le cadre de création d’entreprises agricoles.
Plus la marge de sécurité est élevée, plus la gestion de trésorerie sera facilitée.
La marge de sécurité est aussi appelée :
• CAF (Capacité d’Auto-financement)
• CIFI (Capacité Interne à Financer des Investissements)
• CREN (Capacité à Rembourser des Emprunts Nouveaux)
Si la marge de sécurité est négative, alors il ne sera pas envisageable de faire de nouveaux investissements ou de contracter un nouvel emprunt.
Pour éviter cette situation, il est en parallèle recommandé de tenir à jour un budget de trésorerie.
La CAF se lit généralement dans le dossier économique, à la page « Structure financière et rentabilité ».
Elle peut se calculer selon :
EBE – Prélèvement privés – Annuités = Marge de sécurité
Par exemple, une exploitation dégage un EBE de 100 00€. Les emprunts nécessitent un remboursement annuel de 40 000 €. Les associés prélèvent chacun 24 000 €. La marge de sécurité se calcule : 100 000 – 40 000 – (24 000 x2) = 12 000 €. Soit 12% de l’EBE. Cette marge de sécurité est un peu juste. La trésorerie est à surveiller.
Le prix d’équilibre
Le prix d’équilibre permet de déterminer le chiffre d’affaires minimum pour que l’entreprise ne connaisse pas de problème de trésorerie. C’est le prix auquel il faut vendre pour que la marge de sécurité soit égale à zéro. C’est donc un outil pertinent de gestion de trésorerie.
Exemple dans le cadre d’une ferme laitière :
Prenons la situation d’un agriculteur qui vend 400 000 litres de lait dans l’année, à un prix de 500€/1000 L. Sa marge de sécurité est de 8000 €. Sa marge de sécurité passe à zéro s’il perd 8000 €.
Quel est son prix d’équilibre ?
Marge de sécurité / Production de lait
8 000 € / (400 000 litres) = 20 € par 1000 L
Son prix d’équilibre est donc de (500 – 20) = 480 € / 1000 L
En dessous de 480 €/1000 L de chiffre d’affaires, ce chef d’exploitation connaîtra des soucis de trésorerie, puisqu’il n’aura plus de marge de sécurité.
D’autres indicateurs intéressants
Il existe de nombreux indicateurs et outils de pilotage de l’entreprise agricole.
Comment ne pas citer le coût de production !
C’est un outil d’analyse puissant car il met en évidence les postes de charges sur lesquels il faut agir en priorité. Il permet de connaître le seuil minimal de charges à couvrir. L’atelier commence à dégager une marge quand le prix du marché dépasse ce seuil.
Notre dernier conseil porte sur la gestion de la trésorerie. Rien de plus pertinent que de tenir un budget de trésorerie à jour sur 12 mois glissants !
Le budget de trésorerie est un outil incontournable dans la bonne gestion financière d’une exploitation agricole. Il permet de suivre l’évolution de ses recettes et dépenses, afin d’organiser les règlements des factures et des ventes.
L’objectif est de gagner en sérénité pour garantir le remboursement de ses emprunts, se tirer son salaire et anticiper l’avenir !