La préparation au vêlage en vache laitière est d’une importance capitale pour garantir la santé de la vache et du veau à naître, ainsi que pour assurer une transition efficace en douceur vers la lactation.
Dans cet article, nous explorerons les étapes essentielles de la préparation au vêlage chez les vaches laitières, les avantages, les conseils en terme de capacité d’ingestion, d’équilibre de ration, complémentation vitaminique et minéral, ainsi qu’un zoom sur le BACA.
Table des matières
Pourquoi faire une préparation au vêlage en vache laitière ?
Mettre en place une phase de préparation au vêlage chez la vache laitière présente 2 intérêts majeurs :
- Bien démarrer la lactation
- Eviter les pathologies et complications autour du vêlage
Pour réussir la phase de préparation au vêlage, il faut garder en tête 2 objectifs clefs :
- Booster l’ingestion, pour que la vache ingère suffisament dès les premiers jours post-partum
- Offrir de bonnes conditions d’accès à la ration, en termes d’abreuvement, de places aux cornadis, …
Définition d’une bonne préparation au vêlage en vache laitière
La préparation au vêlage implique une série de mesures prises avant la mise bas d’une vache laitière pour garantir une transition sans heurts entre la gestation et la lactation.
Cela comprend la gestion de l’alimentation, des soins vétérinaires, et la mise en place d’un environnement propice à la naissance et au bien-être du veau et de la vache.
Il est fortement recommandé de gérer les vaches avant vêlage en deux lots :
- La phase de tarissement : 2 mois avant vêlage
- La phase de préparation au vêlage : 1 mois avant vêlage
Phase de tarissement
Aussi appelée « période sèche », la phase de tarissement correspond à la période allant de 2 mois avant vêlage à 1 mois avant vêlage.
Elle consiste à arrêter la traite plusieurs semaines avant la mise bas pour permettre à la vache de se reposer, et particulièrement sa mamelle.
Durant cette période, l’attention portée à l’alimentation de la vache tarie, à sa santé et à son confort est primordiale pour assurer une transition efficace vers le vêlage.
Phase de préparation au vêlage
La phase de préparation au vêlage correspond à la période allant de 1 mois avant vêlage au vêlage.
Elle consiste à préparer la vache à une naissance du veau, en boostant le système immunitaire et laitier.
Durant cette période, l’attention portée à l’alimentation de la vache, à sa santé et à son confort est primordiale pour assurer une transition efficace vers la lactation suivante.
L’alternative : une phase unique
Tous les élevages de vaches laitières n’ont pas la possibilité de réaliser deux lots de vaches avant vêlage. C’est souvent le cas pour les petits troupeaux, ou les élevages avec peu de places en bâtiment.
Il est alors possible de former un seul et unique lot de vaches avant vêlage regroupant les taries et les « prépa vêlage ».
Cette solution peut être la plus adaptée, surtout dans les élevages dont les lots sont souvent modifiés. En effet, le stress, généré par les mouvements sociaux, induit des baisses d’ingestion et une baisse d’immunité.
Si vous avez tendance à distribuer des rations pour 3 jours à deux lots différents, il serait judicieux de s’orienter vers un lot unique de taries et prépa-vêlages, nourries avec une ration mélangée quotidienne.
Quels sont les avantages d’une bonne préparation au vêlage ?
Les avantages d’une bonne préparation au vêlage sont nombreux :
- Réduction des risques de complications autour du vêlage : expulsion du veau facilitée, moins de métrite et de non-délivrance
- Augmentation de la qualité du colostrum
- Meilleure récupération de la vache après vêlage
- Optimisation de la production laitière dès le début de la lactation
Des rations adaptées à la capacité d’ingestion et aux besoins
La nutrition joue un rôle vital dans la préparation au vêlage. Des rations alimentaires bien équilibrées, adaptées aux besoins spécifiques de la vache en fin de gestation, sont cruciales.
Ces rations doivent contenir des éléments essentiels tels que :
- un apport de fibres suffisant
- un équilibre énergie-azote
- une complémentation sur-mesure en minéraux, vitamines et oligo-éléments
- un BACA négatif
Si l’on devait résumer en une phrase, l’alimentation d’une vache laitière en préparation au vêlage, ce serait :
« Nourrissez des papilles ruminales fonctionnelles, sans engraisser la vache ! »
Capacité d’ingestion d’une vache en préparation au vêlage
La capacité d’ingestion d’une vache en préparation au vêlage est minimum de 12 kg de matière sèche.
Ce repère concerne une vache d’un poids vif de 650 kg pour un niveau de production annuel de 8500 kg de lait.
Il est nécessaire de chercher à maximiser, autant que possible, l’ingestion des préparations au vêlage.
C’est moins qu’une vache laitière en pleine lactation. Sauf que les besoins sont plus élevés. Tout l’enjeu réside donc dans la concentration de la ration.
Les besoins en énergie et en azote d’une vache en préparation au vêlage
Les besoins d’une vache en préparation au vêlage, qui pèse environ 650 kg, qui était « en état » avant d’être tarie, sont :
- Entre 8,5 à 9,0 UFL / jour, soit 0,85 UFL / kg MS
- Entre 800 à 850 g de PDI / jour, soit 77 g de PDI / kg MS
Il est conseillé de distribuer aux vaches en préparation au vêlage le même fourrage qu’elles mangeront lorsqu’elles seront avec le lot des vaches en lactation.
Ne pas négliger la complémentation minérale et vitaminique
Une complémentation minérale et vitaminique adéquate est nécessaire pour combler les éventuelles carences.
Les suppléments en minéraux tels que le calcium, le phosphore et le magnésium, ainsi que les vitamines A et E, et le sélénium, sont souvent recommandés pour soutenir la santé et la fertilité de la vache.
Les besoins en calcium
Les besoins d’une vache en préparation au vêlage, qui pèse environ 650 kg, qui était « en état » avant d’être tarie, se situent aux environs de 48 à 52 g de calcium / jour.
Ne faites donc pas l’impasse sur la complémentation en calcium de vos vaches en préparation au vêlage.
Cette complémentation en calcium doit s’ajuster en fonction du niveau de BACA de la ration distribuée. Les besoins peuvent monter jusqu’à 180 g par vache.
Les besoins en phosphore et magnésium
Les besoins d’une vache en préparation au vêlage, qui pèse environ 650 kg, qui était « en état » avant d’être tarie, sont :
- 45 g de phosphore / jour
- 55 g de magnésium / jour
Le phosphore et le magnésium joue un rôle fondamental dans le fonctionnement musculaire des vaches, et notamment leurs muscles des sphincters.
Ne faites donc pas l’impasse sur la complémentation en minéraux de vos vaches en préparation au vêlage.
Les vitamines et les oligo-éléments
La vitamine A est indispensable pour le bon développement des tissus, y compris ceux du fœtus. Elle joue un rôle crucial dans la santé de la peau, des muqueuses et des yeux, ainsi que dans la croissance du veau.
La vitamine E est un antioxydant essentiel qui joue un rôle crucial dans la protection des cellules contre les dommages oxydatifs. Pendant la gestation, elle contribue au développement normal du fœtus.
Le sélénium est un oligo-élément essentiel qui agit comme un antioxydant, jouant un rôle clé dans la fertilité des vaches. Un déficit en sélénium peut entraîner des problèmes de reproduction, des avortements et des affections musculaires chez les vaches laitières.
Demandez conseil à un nutritionniste indépendant pour ajuster, sans intérêt commercial, la complémentation de vos vaches en préparation au vêlage.
L’importance du BACA négatif chez la vache laitière en préparation au vêlage
Les hypocalcémies et fièvres de lait
La baisse du niveau de calcium dans le sang est appelé hypocalcémie. Il s’agit de la conséquence subclinique, qui est elle-aussi couteuse. Quand l’hypocalcémie passe un niveau de gravité supérieur, on parle de fièvre de lait.
Il est plus courant pour un éleveur de s’inquiéter d’une fréquence élevée de fièvre de lait, alors que des hypocalcémies récurrentes, plus difficiles à déceler, ont autant d’impact technique et économique.
Le BACA
Après vêlage, la vache multiplie par 4 ses besoins en calcium. Si ses besoins ne sont pas satisfaits par l’alimentation, la vache laitière va puiser dans ses réserves sanguines.
Le BACA correspond au bilan alimentaire cations-anions de la ration : c’est la différence entre des agents alcalinisants (Na+, K+) et acidifiants (Cl–, S2-).
Un BACA négatif stimule la parathormone (hormone qui régule le taux de calcium dans le sang) et donc la disponibilité du calcium.
Les rations avec un BACA négatif stimulent mieux la mobilisation du calcium osseux, mais surtout la part de calcium assimilée par la ration via les parois intestinales.
Il est recommandé d’obtenir un BACA négatif de la ration des vaches en préparation au vêlage.
Pour ce faire, il existe plusieurs types de sels anioniques et types d’anions sur le marché qui permettent de réduire le BACA. La dose devrait être ajustée en fonction des fourrages et des objectifs d’acidification de la ration.
Attention, le classique sel anionique utilisé, à savoir le chlorure de magnésium, a un goût et une odeur désagréable pour les vaches. Il vaut mieux l’incorporer dans la ration, plutôt que de le laisser à volonté ou pire, le distribuer par-dessus la ration.
Ce qu’il faut retenir pour une préparation au vêlage en vache laitière
En conclusion, la préparation au vêlage chez les vaches laitières est un processus crucial pour garantir la santé et la productivité du troupeau.
En accordant une attention particulière à la nutrition, aux soins vétérinaires et à l’environnement, les éleveurs peuvent optimiser les conditions pour un vêlage réussi, favorisant ainsi une transition sans heurts vers la lactation et une performance laitière maximale.
Article rédigé par Eva Garre
Eva est nutritionniste indépendante pour les éleveurs bovins. Elle accompagne les éleveurs pour atteindre l’autonomie alimentaire et maximiser leur rentabilité.
Contactez Eva au 06.59.58.22.32 ou par mail eva@evaenelevage.fr