Quelle que soit la zone géographique, un chantier d’ensilage de maïs se prépare.
Lorsque le chantier n’est pas fait au bon moment, les conséquences sont nombreuses : mauvaise conservation, baisse des valeurs alimentaires, dégradation du rendement total, la diminution de l’efficacité de sa ration, etc
Bien organiser son chantier d’ensilage permet d’assurer une bonne conservation de la récolte et surtout d’éviter des pertes financières.
Repères de stade de récolte pour démarrer le chantier
Un ensilage de maïs a pour objectif d’être récolté entre 32 et 33 % de matière sèche.
La coupe d’ensilage de maïs est généralement réalisée entre fin août et mi-octobre, selon les zones géographiques.
Il existe différentes étapes pour déterminer la date prévisionnelle de récolte :
- La date de floraison femelle (sortie des soies sur les futurs épis) : comptez environ 550 à 700 DJ, soit 45 à 70 jours, pour la date de récolte.
- L’observation des grains un mois après floraison permet d’anticiper la date de récolte.
- L’apparition de la lentille vitreuse à l’extrémité des grains des couronnes centrales de l’épi correspond au stade 24-25% % de MS. À ce stade, les besoins sont de 24 degrés jours pour gagner un point de MS.
La plus importante est celle du remplissage des grains avec les « trois amidons ».
Une répartition dans le grain des trois amidons (laiteux, pâteux et vitreux) correspond au stade optimal de récolte, c’est-à-dire 31-34 % de MS selon l’état de l’appareil végétatif.
Une récolte précoce baisse le rendement et la teneur en amidon, et peut entraîner des jus au silo. Une récolte tardive augmente le risque de mauvaise conservation, notamment car le tassement est plus difficile.
Préparer les silos
Comme pour l’ensilage d’herbe, nous vous rappelons nos conseils pour préparer l’étanchéité de ses silos :
- Nettoyer les murs et les sols avec un nettoyeur haute pression
- Renforcer et réparer les parois afin qu’elles soient résistantes au tassement
- Mettre des films hermétiques de bord, sur les murs, pour éviter les infiltrations d’eau de pluie et de ruissellement, en les coinçant avec des silos sacs
Une fois que vos silos sont prêts, vous pouvez anticiper sa confection.
Le front d’attaque du silo devra se trouver sur le point bas de la pente du silo, de préférence à l’abri des vents dominants. La bonne inclinaison de la pente du silo doit être comprise entre 2 à 4 %, pour bien évacuer les jus et les eaux de ruissellement.
Il est conseillé de prévoir une largeur de silo d’au moins 5 mètres pour que le tracteur-tasseur puisse passer partout sans manœuvre. Evitez de faire dépasser l’ensilage au-dessus du mur.
Reste à adapter la hauteur du tas pour que l’avancement dans le silo n’engendre pas de pertes. Pour éviter que des levures et moisissures apparaissent à l’ouverture du tas, il est recommandé d’adapter la taille du silo pour avancer régulièrement et suffisamment dans le front d’attaque : d’environ 10 cm par jour pendant les mois d’hiver et 20-25 cm par jour en périodes chaudes.
Vigilances pendant la récolte de maïs
Pour allier une conservation optimale et de bonnes valeurs alimentaires du maïs fourrage, plusieurs facteurs sont à prendre en compte dans le déroulement du chantier de récolte :
- la finesse du hachage
- l’éclatement du grain
Finesse du hachage :
Pour bien maîtriser la finesse de hachage, il faut à la fois hacher fin pour faciliter le tassement du silo et laisser des brins assez longs pour une rumination efficace des vaches.
Un test simple et rapide peut vous aider à vérifier le réglage de l’ensileuse : le tamis secoueur à ensilage.
Le tamisage de l’ensilage de maïs fraîchement récolté doit être réparti selon :
Source : Création par Conseil en Agriculture. Données issues de l’Université de Pennsylvanie.
Plus le fourrage récolté est sec, plus le hachage doit être fin. La finesse du hachage dépend aussi des modalités de distribution.
Source : Création par Conseil en Agriculture. Données issues d’Arvalis.
Eclatement du grain :
L’amidon s’avère plus digestible dans un ensilage où l’éclatement du grain est le plus élevé.
Les éclateurs de grains sur les ensileuses doivent être réglés pour adapter l’éclatement des grains selon leur maturité, et donc leur teneur en amidon. C’est notamment le cas des grains des maïs à plus de 32 % de MS dont l’amidon vitreux des grains a besoin d’être fractionné pour que sa digestion par les vaches soit optimisée. Aucun grain ne doit être retrouvé intact.
Le test de la bassine consiste à plonger un échantillon de maïs dans une bassine d’eau : « Sur du fourrage vert le jour de la récolte, les tiges et feuilles surnagent et peuvent être facilement retirées. Une fois l’eau soigneusement vidée, il ne reste quasiment plus que les grains. Cette méthode permet d’avoir une vision plus précise du niveau d’éclatement des grains et de procéder à des modifications de réglages des rouleaux éclateurs si besoin. »
Retenez un adage : « Hacher fin et Briser menu » !
Limiter les pertes grâce à un bon tassage
Les silos sont propres, prêts à être remplis. Il est maintenant l’heure de tasser le silo !
Tasser est nécessaire pour enfermer le moins d’air possible dans le silo. L’objectif est d’enfermer le fourrage fraîchement récolté, sous bâche, en chassant l’oxygène au maximum, pour abaisser rapidement le pH inférieur à 4.
Pour un ensilage à 30% MS, 3 à 4 heures suffisent pour débuter les bonnes fermentations en anaérobie. Plus le maïs fourrage est récolté vert et humide, plus rapide sera la mise en œuvre des bonnes fermentations. Plus le maïs fourrage est sec (> 35 % MS), plus les fermentations lactiques tarderont à se mettre en place, au détriment de l’apparition de moisissures.
Pour atteindre cet objectif, nous vous conseillons :
- D’étaler par couches de 15 à 20 cm d’épaisseur
- De décharger une nouvelle benne que lorsque les roues du tracteur ne sont plus visibles sur le tas
- Bien charger le long des murs
- Fermer le silo 2h max après la fin du tassage
- Pour éviter la présence de terre dans le silo, préférer des silos en sol bétonné et les zones de circulation proches du silo en terrain stabilisé.
C’est le tassement qui détermine la vitesse du chantier et non l’inverse.
Il faut être particulièrement attentif à ne pas accélérer le chantier grâce à des ensileuses à grand débit et à des remorques de gros tonnages. Le tracteur-tasseur doit rester celui qui donne le tempo du chantier !
Dans le cas où le fourrage est récolté trop tard, c’est-à-dire avec un taux de MS élevé, il peut être bien de tasser en même temps deux silos avec deux tracteurs tasseurs.
Une fois le fourrage tassé, il est temps de rendre le silo bien hermétique. Il est recommandé d’utiliser un sous-film fin, pour bien épouser la forme du tas, sous le film à ensilage plus épais. Le tas sera ensuite complété d’une bâche à ensilage, et dans l’idéal, d’un filet pour limiter la destruction du tas par des nuisibles.
Il est vraiment préférable de se limiter à l’utilisation de silos sacs plutôt que de pneus. En effet, ils peuvent apporter des corps étrangers dangereux pour les animaux, et ils favorisent les nids de nuisibles comme les guêpes et les rats.
Analyser son fourrage de maïs
N’attendez pas l’ouverture de votre silo dans plusieurs semaines pour l’analyser !
Vous pouvez envoyer un échantillon de votre ensilage de maïs « en vert » pour anticiper les valeurs alimentaires lors de l’ouverture du tas.
Prévoyez une analyse par silo.
Pour ce faire, réalisez environ 15 prélèvements de fourrage vert au moment de la confection du silo. Mélangez les dans un seau propre et homogénéiser. Incorporez 1 L d’échantillon soit environ 750 grammes dans une poche congélation zippée que vous conserverez au congélateur au moins une nuit.
Préférer l’envoi de l’analyse au labo en début de semaine. Prenez le temps de bien remplir votre fiche d’analyse. Postez votre échantillon au laboratoire par voie postale. En quelques jours, vous recevrez votre analyse par mail.
Nous conseillons le laboratoire d’analyse Germ Services, à qui vous pouvez adresser vos échantillons.
Pour prélever un échantillon dans un silo stabilisé après plusieurs semaines, rien de mieux qu’une carotteuse à fourrage. Elle permettra d’aller recueillir un prélèvement en profondeur dans le silo. L’échantillon sera alors bien plus représentatif qu’un prélèvement en front d’attaque !

Ouverture du tas
Un silo de maïs nécessite 3 semaines de fermentation et 3 mois de stabilisation.
Cela signifie qu’il faut éviter à tout prix l’ouverture d’un tas avant 45 jours, et dans l’idéal patienter 90 jours pour une stabilisation complète. Si vous êtes à court de stock, pensez à faire broyer le grain puisqu’il accélérera la maturation de l’amidon, et réduira ainsi les pertes.
Il existe différents conservateurs, adaptés aux objectifs spécifiques.
Leur rôle est de stimuler la fermentation lactique naturelle des ensilages. Leur utilisation n’est pas toujours indispensable, mais elle peut réduire les pertes, accélérer l’acidification et limiter le développement de « mauvaises » bactéries.
Cependant, aucun conservateur ne peut stabiliser un ensilage de maïs en moins de 3 semaines !
Si vous souhaitez incorporer un conservateur, nous vous conseillons de vous adresser à l’un des 4 fabricants : Pioneer, Schaumann, Chr Hansen ou Lallemand.
Un chantier d’ensilage de maïs réussi
Vous l’aurez compris : une partie importante de la ration annuelle de votre troupeau se joue sur un chantier de quelques jours.
Récolter son ensilage de maïs au bon stade permet d’améliorer les performances laitières des animaux, grâce à une bonne conservation et de meilleures valeurs alimentaires.
Récolter un bon fourrage facilite la mise en place d’une ration efficace et économiquement intéressante.
Pour travailler sans influence commerciale, privilégier un nutritionniste indépendant. Chez Conseil en Agriculture, nous vous proposons des suivis d’alimentation sur l’année ou une optimisation de ration ponctuelle.
Contact : bonjour@conseilenagriculture.fr