Photo de Tom Potterfield via Flickr

La silphie fait son apparition dans les assolements des élevages bovins.

Consommée en ensilage par les bovins ou envoyée dans les unités de méthanisation, la silphie (Silphium) se déploie en France.

Découvrez la fiche technique de la silphie perfoliée.

Pourquoi choisir la silphie ?

⇒ Origine botanique

La silphie perfoliée (Silphium perfoliatum L.) fait partie de la famille des Astéracées, comme la chicorée par exemple.

Originaire d’Amérique du Nord, la silphie est une plante à fleurs qui apprécie particulièrement les sols humides des plaines.

Curtis’s Botanical Magazine (1834)

⇒ une pérennité longue de 10 ans

La silphie a une perennité de 10 à 15 ans. Il n’y a donc pas besoin de le resemer chaque année.

En première année, son développement est lent. Elle grandit depuis un stade rosette, en formant des rhizomes courts avec des bourgeons qui deviendront des tiges carrées atteignant 2 m de haut.

Son système racinaire est fasciculé et développé jusqu’à 30 cm de profondeur. De longues racines peuvent atteindre plusieurs mètres de profondeur.

⇒ Faible capacité de germination

Il est recommandé de réaliser des semis à base de graines triées et sélectionnées.

En tentant d’utiliser des semences fermières, la capacité de germination chute : environ 15% des graines de silphie germeront naturellement.

⇒ supporte une grande amplitude de températures

La silphie perfoliée semble supporter une grande amplitude de températures.

Cette qualité favorise la levée.

La température de développement optimale est située entre 10 et 15°C. 

La silphie produit davantage de biomasse en zones froides et humides, en comparaison à un ensilage de maïs.

Quel itinéraire technique pour la silphie ?

⇒ Peu exigente dans la rotation de cultures

La silphie s’implante au printemps.

Son installation est lente. Pour éviter le salissement, il est préférable de choisir des parcelles « propres ».

Pour limiter le risque de sclérotinia (champignon qui se développe souvent sur les lupins), mieux vaut éviter d’installer une silphie après un tournesol ou colza ou lupin.

⇒ Une préparation du sol classique

Il n’y a pas de préparation de sol spécifique pour la silphie :

  • labour à l’automne
  • préparation d’un lit de semences au printemps, en plusieurs passages à 3 cm pour limiter les adventices
  • rouler après semis.

⇒ Un semis à faible profondeur

Etant donné la levée rapide de la silphie, le semis doit se faire :

  • à 15 mm de profondeur
  • de mi-avril à fin mai en France
  • à une densité de 3 kg/ha
  • pour un écartement de 50 cm

⇒ Un désherbage indispensable

La silphie est une culture qui se salit facilement. Il est ainsi conseillé d’associer un désherbage chimique et mécanique :

  • seul le glyphosate est toléré en France sur cette culture (les autres produits efficaces étant bannis)
  • la passage d’une bineuse permet de gérer l’enherbement
  • en 2ème année, aucun désherbage n’est à prévoir

⇒ La fertilisation raisonnable

La silphie contient, et donc exporte, beaucoup de calcium, de magnésium et de potassium.

Son potentiel de rendement est bon, même avec une fertilisation inférieure au maïs. 

Il est indispensable de raisonner les apports au sein du plan prévisionnel de fumure.

Les apports conseillés post-semis atteignent :

  • 120 à 150 kg N par hectare par an (sauf l’année d’implantation, la quantité de 80 kg/ha suffit)
    • entre fin mars et fin avril
    • sous forme minérale, ou digestat, ou lisier
  • 25 kg de P/ha
  • 200 kg de K/ha
  • 50 kg de Mg/ha
  • 200 kg de Ca/ha

⇒ La récolte en ensilage en 2ème année

La récolte est possible en ensilage, avec une ensileuse conventionnelle.

Il est possible de faire 1 à 2 récoltes par an.

La période optimale se situe entre fin août et début septembre, au stade mi floraison, quand il s’agit d’une monocoupe. L’objectif est de récolter à 25-28% de MS.

Dans le cas d’une double récolte, la 1ère coupe a lieu au stade bouton (12% de MS) puis en septembre.

La teneur en matière sèche basse génère des difficultés de conservation.

Quel rendement pour la silphie ?

En France, le rendement observé est compris entre 13 et 18 tMS/ha.

Les rendements sont stables dans le temps.

L’irrigation semble pouvoir élever le rendement jusqu’à 20 tMS/ha, si la fertilisation est élevée.

Les études scientifiques ne sont pas encore possibles pour vérifier la pérennité du rendement sur une silphie implantée depuis plus de 7 ans en France.

Cependant, les premiers essais remontent à 1977 en France, soit il y a plus de 40 ans !

Blonder1984, CC BY-SA 3.0 via Wikipedia Commons

Les utilisations de la silphie

⇒ en méthanisation

Les données bibliographiques indiquent un potentiel méthanogène de la silphie, de l’ordre de 260 à 280 mètres cubes de CH4 par tonne de MS.

Sa teneur en lignine deux fois plus élevée que le maïs fait de la silphie une plante moins méthanogène.

Les progrès génétiques et la résistance de la silphie face aux changements climatiques laissent la possibilité de devenir plus méthanogène que le maïs.

⇒ en fourrages pour les ruminants

Les recherches bibliographiques en lien avec l’utilisation de la silphie en tant que fourrage dans l’alimentation bovine est limitée.

Cependant, certaines études font état de valeurs alimentaires correctes et une bonne appétibilité, en affouragement en vert.

Sous forme d’ensilage, il semblerait que la silphie est une teneur en glucides solubles insuffisante, une faible teneur en MS, une teneur élevée en cendres et une conservation mauvaise si aucun acide formique n’est utilisé.

La teneur élevée en cendres signifie que les teneurs minérales en P, K, Mg et Ca sont importantes. Par contre, cela illustre une exportation massive. Une fertilisation importante est donc nécessaire pour compenser les exportations.

A noter que la silphie est pauvre en méthionine.

Pour un ensilage réalisé le 1er juillet sur un premier cycle, conservé sans acide formique, les valeurs nutritives obtenues sont de :

  • UFL = 0,63 –> valeur énergétique médiocre
  • UFV = 0,54
  • MAD = 69 g

La valeur alimentaire de la silphie est donc inférieure à celle d’un maïs.

La silphie semble donc appropriée pour des bovins dont l’énergie alimentaire est limitée, comme les génisses de renouvellement ou les bovins allaitants. Cependant, la silphie n’est pas appropriée pour des vaches laitières en lactation.

⇒ Production de miel

Les pollinisateurs et les abeilles apprécient particulièrement les fleurs de silphie.

Le miel obtenu est de couleur brun. Sa cristallisation est lente.

Cependant, les premières années de suivi de pollinisation sur des champs de silphie donnent des résultats médiocres. L’ADA du Grand Est fait état d’une absence de récolte de miel sur la première année d’implantation de la silphie. Le suivi se poursuit en 2023 pour espérer une récolte permise grâce à de meilleures conditions climatiques et un meilleur développement du système racinaire de la silphie. (Source : Rapport de suivi de la silphie 2022, par l’ADA Grand Est)

Collaborer avec un apiculteur est pertinent pour maximiser la pollinisation.

⇒ Faites vous aider par un nutritionniste indépendant

Pour composer une ration la plus adéquate à vos vaches, il est nécessaire de connaître les valeurs alimentaires de tous les composants.

Un nutritionniste indépendant vous aidera à bien choisir la complémentation en fonction des autres constituants de la ration en vache laitière. Il vérifiera avec vous les paramètres essentiels pour une ration performante.

Choisissez un indépendant, qui ne sera pas influencé par des bénéfices de vente !

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Les informations techniques et scientifiques de cet article sont principalement issues de recherches bibliographiques réalisées par Nicolas FERRAND, Chambre Régionale d’agriculture de Nouvelle Aquitaine, en octobre 2021. (Document)