Fabriquer une galette de bouse permet d’analyser l’efficacité de sa ration.

L’idée est de compacter les résidus fibreux issus de la digestion de la vache.

La composition et l’épaisseur de la galette donnent des indications sur les réglages alimentaires à effectuer pour le troupeau.

Une galette de bouse permet d’imager la digestion de la ration au sein de l’animal.

La différence entre la ration ingérée et ce qu’il reste à la sortie du rectum de la vache montre tous les fourrages et concentrés assimilés par l’animal.

Plus la galette de bouse sera fine et composée de résidus fins, plus la ration aura été valorisée.
Le lait permis par les fourrages et les concentrés sera donc maximisé.

Fabriquer une galette de bouse est aussi un bon moyen pédagogique de comprendre la digestion ruminale.

Commencer par observer les bouses 

Avant de fabriquer une galette de bouse, il est recommandé d’observer la consistance des bouses sur le troupeau.

En effet, la consistance des bouses donne des informations sur la digestion et l’efficacité de la ration :

  • Bouse molle, dont la forme n’est pas marquée : excès d’azote soluble ou d’énergie fermentescible non maîtrisé
  • Bouse liquide, qui s’étale sans forme, en flaques : excès d’énergie fermentescible, avec une consommation probable d’aliments laxatifs de type betteraves ou ensilages faibles en matière sèche
  • Bouse dont un dépôt de mucus brillant est visible en surface : l’équilibre de la ration et la digestion sont satisfaisantes. Cependant, une déshydratation est suspectée. L’accès suffisant à une eau de qualité est à vérifier dans cette situation.
  • Bouse élastique et collante sous la botte : excès d’énergie fermentescible et/ou présence d’aliments très riches en amidon, avec une consommation probable d’aliments laxatifs ou gras (mélasse par exemple).
  • Bouse qui pétille : signe de l’accélération du transit avec un excès d’amidon.

Quand les vaches ont tendance à faire des bouses de consistance variable, cela traduit une instabilité ruminale, avec une probable difficulté d’accès à l’abreuvement pour certaines vaches.

Les vaches qui ont tendance à bouser couchées sont des animaux dont la ration est excessive, avec une fatigue liée à un mauvais accès aux zones de repos (aire paillée, logettes) ou à un niveau de production déséquilibré.

Les vaches qui ont tendance à bouser en salle de traite sont le reflet de pics d’acidité fréquents et non tamponnés.
Le stress est aussi un facteur aggravant.

Fabriquer une galette de bouse en 5 minutes 

La fabrication d’une galette de bouse ne vous prendra que 5 minutes.

Un presse-bouse, un tamis (passoire fine), une grande cuillère et un tuyau d’eau suffisent.

Etape 1 : Vous remplissez un presse-bouse d’un mélange de bouses issues de votre troupeau. Vous pouvez prélever soit une bouse fraîche au sol (à condition qu’elle ne soit pas souillée, écrasée) soit directement dans le rectum de l’animal.

Si vous n’êtes pas équipé d’un presse-bouse, vous pouvez utiliser un presse-purée de diamètre 8 cm et de volume 400 cm cube environ.

Etape 2 : Vous renversez le prélèvement dans un tamis. Vous rincez à l’eau claire l’échantillon, en remuant lentement avec une grande cuillère. Seuls les éléments solides doivent restés dans le tamis : fibres, grains.

Etape 3 : Vous remplissez le presse-bouse du résidu fibreux. Vous fermez le presse-bouse à l’aide du levier. 

Etape 4 :  Après avoir pressé fortement, vous sortez la galette de bouse du presse-bouse. Vous pouvez mesurer son épaisseur à l’aide d’une simple réglette et observer sa composition. 

Que signifient les épaisseurs de galette de bouse ?

Certains seuils sont conseillés selon le type de ration :

◊ au pâturage : max 1 cm
◊ au foin : max 2 cm
◊ à l’ensilage de maïs : max 2,5 cm

Au-delà de ces seuils, l’épaisseur de la galette de bouse reflète un gaspillage de la ration.

Il y a du lait permis par la ration qui peut être valorisé par l’animal. Vérifiez aussi en parallèle la marge sur coût alimentaire permise par la ration.

Galette de bouse issue d’une ration à base de pâturage

Galette de bouse issue d’une ration à base d’ensilage

Que nous indique la composition de la galette ?

La composition de la galette de bouse nous donne des indications :

◊ Une galette très riche en fibres courtes inférieures à 5 mm, dont l’épaisseur totale dépasse les 2,2 cm, signifie que la vidange du rumen est rapide à cause de pics d’acidité ou bien qu’il y a une surconsommation de fourrages et concentrés. Les transitions alimentaires sont particulièrement à soigner dans ce contexte.

Une galette aux brins courts et fins, sans grains visibles

◊ Une galette dont les brins résiduels de fourrages mesurent plus de 2 cm signifie un déficit d’azote soluble ou un excès de fibres dures. Les transitions alimentaires sont particulièrement à soigner dans ce contexte.

◊ Une galette de bouse avec des grains de céréales/protéagineux (entiers ou fragmentés) et des fibres de 2 cm, dont l’épaisseur totale dépasse les 2,2 cm signifie que les pics d’acidité sont récurrents au cours de la journée et que le temps de séjour de la ration est trop court au sein du rumen pour permettre la digestion des grains.

La galette de bouse « parfaite » doit être d’une épaisseur comprise entre 1 à 2 cm, avec des brins courts et fins, sans grains.

Ajuster la ration grâce à la galette de bouse

L’épaisseur et la composition de la galette de bouse permettent d’ajuster la ration distribuée.

Si l’épaisseur dépasse le seuil conseillé, il est fort à parier que la ration n’est pas suffisamment valorisée par l’animal.

 

Vous pouvez vérifier les recommandations :

1) La capacité d’ingestion des vaches est-elle respectée ?

2) L’équilibre énergie/azote de la ration est-il à son potentiel, via le rapport PDI / UFL compris entre 90 et 105 ?

3) Les taux de couverture en énergie et azote sont-ils atteints ? Rien ne sert de sur-couvrir les besoins en azote avec du correcteur, tant que les besoins en énergie ne sont pas couverts, la production ne sera pas optimisée.

4) L’apport en fibres efficaces est-il suffisant, via l’apport en NDF compris entre 350 et 420 g/kg MS ?

 

Il est aussi intéressant de se poser la question : Vaut-il mieux produire plus de lait ou plus de taux ?

Assurez-vous que votre nutritionniste soit équipé d’un logiciel tenant compte des nouvelles recommandations en terme de nutrition animale.